Is dead - Portrait incomplet de Gertrude Stein (1999) Arnaud des Pallières

Pays de productionFrance
Sortie en France01 septembre 2004
Procédé image35 mm - Couleur
Durée45 mn

Générique technique

RéalisateurArnaud des Pallières
ScénaristeArnaud des Pallières
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Coproduction France 3
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieJulien Hirsch
Ingénieur du sonBrigitte Taillandier
Compositeur de la musique originaleVirgil Thomson
MonteurArnaud des Pallières

générique artistique

Micheline Dax(la lectrice)
Michael Lonsdale(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

La sortie d'Adieu, cette année, a été perçue comme la découverte évidente d'un auteur. C'est sans doute pourquoi le distributeur a décidé de diffuser aussi, dans une salle parisienne, deux films courts d'Arnaud des Pallières, réalisés pour la télévision. Celui qui nous intéresse ici est un portrait de Gertrude Stein conçu dans le cadre de la série Un siècle d'écrivain (collection à vocation a priori pédagogique, mais qui a donné lieu à quelques essais audacieux et mémorables, comme le Lovecraft de P.M. Bernard & P. Trividic). Sa diffusion au cinéma peut paraître quelque peu absurde. Sauf, donc, si on la replace dans ce contexte de découverte d'un auteur, d'un univers, d'un cinéaste. Is dead se situe en effet dans une continuité évidente, avec Disneyland, mon vieux pays natal et Adieu. On y retrouve les mêmes marques de style : un cinéma fondé sur la dissociation entre le son et les images, avec un usage tout à fait particulier de la voix-off, et un traitement de l'image, jouant sur les tremblements, les accélérations, les passages du flou au net, du lent au rapide, bref fondé sur le rythme. Dans une citation de l'Autobiographie d'Alice Toklas, on entend Stein rapporter un propos de Chaplin, qui disait que le passage au cinéma parlant constituait une perte de liberté dans la mesure où la cohérence entre son et image imposait désormais un rythme unique, empêchait les ruptures. Gertrude Stein, elle, parle de sa volonté de réaliser des portraits en mouvement, où chaque image, comme au cinéma, serait en contradiction avec la présente, où le sujet échapperait toujours à l'immobilité d'une définition simple. Par ailleurs, son style tentait de retrouver les rythmes de la nature, de faire exister les choses en scandant leur nom dans une sorte de bégaiement contrôlé ("Une rose est une rose est une rose est une rose"). Tout cela pour dire qu'ici, comme dans toute oeuvre véritable, la forme est la transcription visuelle du fond, et le fond est comme le commentaire de la forme. Tout cela pour dire aussi que, comme toute bonne évocation, celle-ci est réappropriation, comme toute grande biographie, elle est autobiographie. Des Pallières parle de Gertrude Stein, mais continue à ausculter ses propres obsessions, développer son propre univers. Toutefois Is Dead en dépit de son caractère expérimental, abstraitement envoûtant, a aussi l'élégance de remplir sa mission. C'est-à-dire qu'on y apprend réellement des choses sur Gertrude Stein, sa vie son oeuvre : elle n'est jamais reléguée au rôle de prétexte. Il ne s'agit donc pas de faire de Is dead plus que ce qu'il est (c'est-à-dire un film de commande et une esquisse d'artiste), mais on ne peut que saluer son style, et le plaisir qu'il procure.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
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