Synopsis
Sur un texte court d’Yves Paccalet, biologiste, botaniste et zoologue, la voix fraîche de Cécile de France introduit 1h25 de plans, plus superbes les uns que les autres, consacrés aux comportements amoureux d’animaux de toutes sortes : mammifères, volatiles, batraciens, reptiles et insectes. Depuis l’aube des temps, les bêtes à poils, à plumes et à écailles se perpétuent grâce à cette mystérieuse et impérieuse attirance qui fait s’accoupler mâles et femelles chaque année aux mêmes époques, variables selon les espèces. De ce miracle renouvelé, l’anthropomorphisme du titre rend compte, car, au fond, que savons-nous vraiment des sentiments animaux ? S’ils répondent aux seules lois de la perpétuation de l’espèce, qu’en est-il pour nous, humains, auxquels ce film tend un miroir cocasse et parfois troublant ? Des grenouilles et libellules de la mare proche de sa maison solognote aux éléphants ou lions africains, en passant par une foultitude d’oiseaux de toutes les contrées, Laurent Charbonnier et son équipe ont, pendant deux ans, sur terre, dans les airs, sous les mers, traqué, observé et capté, parades et danses nuptiales de plus de 80 espèces, sous toutes les latitudes et toutes les températures. Sur une musique idoine du très productif et talentueux Philip Glass, sans commentaire informatif ou savant, s’enchaînent sous nos yeux les séquences de séduction (où les oiseaux mâles battent des records ébouriffants d’inventivité et d’acrobatie), de tendresse (où girafes et lions déploient des trésors de passion et de jalousie, où cerfs et kangourous ne sont pas les derniers à faire le coup de poing). Ce festival d’images magnifiques, où le sauvage le dispute au comique et le spectaculaire à l’affectueux, s’inscrit dans la lignée du renouveau du documentaire animalier, qui, depuis
Microcosmos, a réinvesti le grand écran, déserté un temps au profit du petit. Il faut dire que le réalisateur Laurent Charbonnier n’est pas, en ce domaine, un perdreau de l’année. Tout petit déjà, au milieu de la riche faune de sa Sologne d’origine, il rêvait d’être cinéaste animalier. Après de nombreux documentaires pour la télévision, Jacques Becker fait appel à lui pour une séquence des
Enfants du marais, puis Jacques Perrin le prend comme chef opérateur sur
Le Peuple migrateur et Nicolas Vanier sur
Le Dernier trappeur. C’est dire si l’animal a de l’expérience et du respect pour ses « acteurs », car il s’est fait une règle de ne jamais les perturber, grâce à une caméra télécommandée et à une véritable patience de moine copiste. Les sourcilleux - tendance encyclopédique - reprocheront au film de ne citer les noms des « protagonistes » qu’en rapide générique de fin. Les autres seront enchantés par l’énergie de ces ballets étourdissants et colorés, toute tendue vers l’amour, sans lequel, comme le dit la chanson « on n’est rien du tout ».
© LES FICHES DU CINEMA 2007