A short film about the Indio Nacional (2005) Raya Martin

A short film about the Indio Nacional

Pays de productionPhilippines ; Pays-Bas
Sortie en France09 juillet 2008
Durée97 mn

Générique technique

RéalisateurRaya Martin
ScénaristeRaya Martin
Société de production Cinematografica Independiente en Filipinas (Manille)
ProducteurRaya Martin
CoproducteurArleen Cuevas
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieMaisa Demetillo
Compositeur de la musique originaleKhavn de la Cruz
Directeur artistiqueVincent Viray
DécorateurJoy Domingo
MonteurLouie Quirino
MonteurAnne Esteban

générique artistique

Bodjie Pascua
Suzette Velasco
Mark Joshua

Bibliographie

Synopsis

Raya Martin a 23 ans, une filmographie déjà conséquente et un univers bien affirmé. Tout cela n’est déjà pas banal, et le film ne l’est pas non plus. Après la présentation de son dernier long (4h40 !) métrage (Now Showing) à la Quinzaine des Réalisateurs, ce "Short Film" est le premier à sortir sur nos écrans. Il est aussi le premier volet d’une trilogie consacrée à l’histoire des Philippines et à ses colonisations successives. Cette thématique de l’Histoire (nationale ici, personnelle dans Now Showing) s’associe chez Martin à une volonté d’illustrer la façon dont le cinéma lui-même construit notre mémoire, contamine notre perception de la réalité. Ainsi, ce film, évoquant l’affranchissement des Philippines de la tutelle espagnole à la fin du XIXe siècle, est constitué pour l’essentiel d’un faux film d’époque, une archive imaginaire comblant une lacune. "L’Histoire est un cauchemar dont j’essaie de me réveiller" écrivait James Joyce. Ici, au contraire, l’Histoire est un cadavre caché sous le lit, qui empêche de dormir. Une histoire enfouie, qui fait problème, qui ne réapparaît que dans les rêves. La première partie montre donc longuement l’insomnie d’une femme. Puis, son mari lui raconte une histoire pour l’endormir : une fable sur le pays, et sur sa mémoire, fragmentaire, inapaisée. La seconde partie plonge dans cette mémoire sous la forme d’un film muet en Noir & Blanc montrant des instants de la vie de trois personnages (qui n’en forment peut-être qu’un seul à trois moments de son existence) dans les Philippines de 1890, où gronde la rébellion. Avec cette cassure (narrative, stylistique, visuelle, temporelle), Martin reprend le procédé cher à A. Weerasethakul, mais il l’utilise, non pas comme un gimmick sexy mais comme une figure de style qui sert totalement son propos. Le film muet est au premier abord déconcertant en tant qu’objet conceptuel un peu théorique et en tant que récit historique pour la compréhension duquel il nous manque un bon gros trousseau de clés. Mais il offre aussi un mélange assez fascinant entre l’imaginaire cinématographique (à travers une imitation soignée des films des premiers temps), le réalisme historique (quelques séquences imitent une forme de documentaire primitif) et le langage des rêves (avec des plans très graphiques ou un usage ponctuel et très naïf de l’animation). Il y a donc là un langage neuf, qui s’impose avec une sorte de douce spontanéité, qui déroute et au minimum intéresse. Le cinéma philippin avait déjà fait cette année une entrée remarquable dans notre champ de vision avec les films de Brillante Mendoza (John John [v.p. 319] et Serbis [v.p. 515]) : ce film semble nous dire que ce n’était qu’un début. Et dans le sentiment de découverte que l’on éprouve, on peut entendre une confirmation de ce que disait récemment Abderrahmane Sissako dans les colonnes de L’Annuel du Cinéma 2008 : "C’est dans les endroits où les gens ne se sont pas exprimés que les formes nouvelles vont apparaître". N.M.
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