Synopsis
Sur une route de campagne, la voix de Jean Rochefort, en off, nous présente les personnages et la situation : Marc, 80 ans, champion international de saut d’obstacles, instructeur au Cadre Noir de Saumur, est aujourd’hui paralysé, mais il a choisi d’entraîner un cavalier hors pair, Edmond, 17 ans. Martine, sexy et joyeuse, est l’auxiliaire de vie indispensable à Marc. Ensemble, ils forment un beau trio d’amour et d’amitié. J. Rochefort, qui les connaît bien, a proposé à Delphine Gleize de leur consacrer un film. Derrière la vitre, il neige. Marc et Edmond, attablés, partagent une mandarine. Malgré la tempête et le froid, il faut aller s’entraîner au saut d’obstacles. Marc conduit à présent son fauteuil électrique, à défaut des purs sangs majestueux du passé. De retour chez lui, on constate que c’est à peine assez large pour laisser passer son fauteuil : il vit tout près des chevaux, dans deux box aménagés en studio par les parents d’Edmond. Martine est là. Elle l’aide à manger, à se coucher, sous le regard bienveillant du jeune homme. Accrochées au mur, il y a des photos de Marc prises dans les grands moments de sa carrière équestre. C’était un bel homme et un grand séducteur. Puis Marc et Edmond regardent la télé... La chronique inscrit les menus événements de leur existence dans la répétition. Marc, qui a le souci du détail, est intransigeant sur la tenue vestimentaire et la discipline. Sur le chemin de l’entraînement, il demande à un palefrenier d’enlever le brin de paille pris dans la queue du cheval que monte Edmond. L’insolence et la nervosité - ou la nonchalance - du gamin face au maître, en disent long sur leur degré de complicité. La mise en scène, quant à elle, pèche un peu par des choix radicaux qui desservent les situations. En particulier sur le terrain d’entraînement : les cavaliers ont des problèmes pour s’entendre, au sens littéral du terme (Marc est sourd et parle bas, Edmond est à cheval, donc à distance), ce qui conduit à utiliser des micros HF, qui donnent un son très présent, factice, inventé par le film, qui écrase l’espace et n’est pas très heureux. Pour l’image, la chef opératrice Crystel Fournier opte souvent pour le très gros plan : cela permet quelques belles séquences aux plans filés, dans la course d’Edmond, à la limite du cinéma expérimental, mais ne tient pas vraiment sur la durée. Enfin, le montage enchaîne les scènes sans que nous ayons le temps de les vivre pleinement, quand on souhaiterait qu’elles durent davantage. Il est toutefois plaisant de suivre ces trois personnages. Marc séduit les jeunes filles, devant l’écurie. Martine lit à ses deux cavaliers les poèmes érotiques qu’elle a écrits quand elle était en dépression. Edmond monte avec la grâce innée des gens de bonne famille. Mais l’entraînement se fait plus difficile pour lui, il n’a plus envie. Marc suppose qu’il va abandonner l’équitation et le regrette. Il lui aura tout de même transmis un savoir inestimable avant de s’éclipser.
© LES FICHES DU CINEMA 2010