Synopsis
Une légende explique la création du Vietnam comme "une longue marche vers le Sud", depuis la Chine, au Nord, jusqu’à l’extrémité de la péninsule. Le pays fut longtemps envahi par les Chinois, avant de retrouver sa souveraineté. Le film de Jacques Perrin et Éric Deroo, qui s’appuie presque exclusivement sur des images d’archives, commence son récit à l’occupation française, en 1865, avec la création de la Cochinchine. Au début du XXe siècle, le cinéma immortalise les colons venus "civiliser" la population indochinoise. Chapeaux et costumes blancs impeccables, des moustachus bedonnants admirent les fondations d’une école et applaudissent un chant de bienvenue. À l’appui, des textes tant français que vietnamiens éclairent les sentiments des deux camps : ceux des Vietnamiens qui se méfient de ces Blancs qui ne prennent pas le soleil, et ceux des Français pour lesquels la colonisation est comme un "devoir", un acte de générosité envers les peuples qui ont le privilège de les accueillir. Une campagne est lancée pour inciter les jeunes à explorer ces contrées hospitalières, dont rend compte encore une fois le témoignage de l’un d’entre eux, séduit par la possibilité de devenir un propriétaire quand, en métropole, il aurait dû se contenter d’un emploi de bureau et d’un deux-pièces. Tandis que les Vietnamiens travaillent à exploiter pour d’autres les richesses de leurs terres, les colons s’organisent une existence bien plus tranquille, travaillant quelques heures, profitant le reste du temps de loisirs de vacanciers. Séduits par les charmes du pays, ils s’ébahissent de la beauté des femmes et des parfums exotiques, découvrent toutes les sensations offertes par ce pays chaleureux et coloré. La suite est connue. Abandonnée par les troupes pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine est envahie par les Japonais, "plus brutaux". Lorsque la France revient, le peuple vietnamien n’est plus si décidé à se laisser dicter ses lois et Ho Chi Minh proclame en 1945 la République démocratique du Vietnam. S’ensuivront huit ans de combats, auxquels la bataille de Dien Bien Phu mettra fin, puis huit ans de guerre du Vietnam, où s’opposeront communisme, au Nord, et libéralisme, au Sud. Le documentaire reste très évasif sur les périodes de guerre, et le spectateur n’en apprendra finalement pas grand-chose qu’il ne sache déjà. Car cet Empire... est moins une histoire du peuple vietnamien qu’une approche de ses colonisateurs. C’est moins une réflexion sur la "fierté" du pays, pourtant évoquée à longueur de film, que sur le fameux "mal jaune", cette immense nostalgie qui frappa les Français à leur retour en France. Si cette absence d’informations concrètes peut se révéler frustrante au terme du documentaire, le travail des deux réalisateurs reste une passionnante collection d’images d’archives, mises en lumière par des textes souvent très beaux et un montage amoureux, qui, à défaut de nous faire découvrir le Vietnam, nous donne envie d’aller à sa rencontre.
© LES FICHES DU CINEMA 2010