Synopsis
Images de femmes n’est pas un énième reportage sur la mode. Ce premier documentaire de Jean-François Ferrillon, ex-professeur de philosophie, serait plutôt un "essai poético-philosophique" sur les représentations de la femme. C’est en tout cas en ces termes que l’auteur présente son oeuvre. Certes aussi floue que le concept qui la définit, elle pose pourtant d’intéressantes questions sur les "mirages féminins qui peuplent notre univers social", et propose des éléments de réponses aussi pertinents qu’audacieux. Véritable questionnement sur l’inconscient collectif révélé par la mode, ce documentaire remet en cause l’évidence des images que l’on nous impose. Il interroge les clichés qui envahissent nos désirs et entraîne une réelle réflexion sur l’apparence. Pourquoi ces critères de beauté ? Pourquoi ces archétypes de séduction féminine ? D’où viennent les attributs standards du désir masculin ? Quels effets ont-ils sur nos comportements ? Que révèlent-ils de notre société ? Cet enchaînement d’interrogations, trop rarement soulevées, démontre comment des images de femmes en dehors de la réalité façonnent notre imaginaire, et provoquent in fine une sorte d’hypnose qui s’apparente à une forme de contrôle. Aidé par deux jeunes journalistes, Mathilde Toulot et Daphnée Delamare, ainsi que par un employé d’un grand magazine de mode, Jean-François Ferrillon a pu avoir accès aux défilés, backstages, et autres cocktails et soirées. Il a ainsi pu rencontrer créateurs de mode, philosophes, directrices de magazines féminins, publicitaires, poètes et psychanalystes... qui, pour nous, "dénouent les lacets d’un corset social qui emprisonne les femmes et auquel il est difficile d’échapper" résume le réalisateur. Du rite sacrificiel de jeunes filles en fleur au désir de phallus, les interprétations sont diverses et complexes. Apparemment boulimique du sujet, l’auteur aborde à partir de 900 heures de rushes, fruit de trois ans de travail, presque trop de concepts pour pouvoir dégager une réelle progression dans sa réflexion. À moins que la clé de celle-ci ne se trouve dans la forme particulière du film. À la croisée de l’art contemporain et de la fashion week, il opère un curieux mélange entre une voix off à la Marguerite Duras, timbre grave et débit lent, et des images de bouteilles à la chaîne, entrecroisées de perles transparentes en surimpression... Le tout monté de manière très "cut" et rehaussé de musiques branchées, ce qui compose une esthétique générale "arty" et tendance. Ou quand la forme épouse le fond : zapping, bruyante modernité, relations éphémères, agressivité du pouvoir de l’image... On plonge dans une ambiance effectivement hypnotique. Ce film se veut le premier chapitre d’un triptyque sur l’âme humaine. Il sera question dans un deuxième opus des relations hommes/femmes, puis de Dieu et du sacré. Porté par un enthousiasme communicatif, le projet est excitant. Espérons qu’il ne se perde pas dans une trop grande ambition.
© LES FICHES DU CINEMA 2011