National Gallery (2013) Frederick Wiseman

Pays de productionFrance ; Etats-Unis
Sortie en France08 octobre 2014
Procédé image35 mm - Couleur
Durée172 mn

Générique technique

RéalisateurFrederick Wiseman
ProducteurPierre-Olivier Bardet
ProducteurFrederick Wiseman
Distributeur d'origine Sophie Dulac Distribution (Paris)
Directeur de la photographieJohn Davey
Ingénieur du sonFrederick Wiseman
MixeurEmmanuel Croset
MonteurFrederick Wiseman

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"La vérité, comme l’art, est dans l’oeil de celui qui voit" ("Truth, like art, is in the eye of the beholder"), faisait dire Clint Eastwood à Kevin Spacey dans Minuit dans le jardin du bien et du mal. La vérité, l’art et l’oeil de celui qui voit : voilà exactement de quoi il est question dans National Gallery, le nouveau film de Frederick Wiseman. En filmant, pas à pas, jour après jour, le célèbre musée, le maître du documentaire propose bien plus qu’une visite guidée du Louvre londonien : il cherche la vérité de l’art, en se plaçant dans l’oeil de ceux qui regardent. Cet oeil, c’est d’abord celui des visiteurs face aux tableaux des grands maîtres - Holbein, Rubens, Michel-Ange, Titien, de Vinci ou Turner. Wiseman capte leurs attitudes (pénétrées, réfléchies, intriguées, indifférentes), juxtapose leurs visages aux portraits qu’ils contemplent et crée ainsi un subtil dialogue silencieux, révélant quelque chose de ce qui "passe" d’une oeuvre à son public. Ensuite, bien sûr, il y a tous ces autres regards, en coulisses : ceux des guides et conférenciers, qui partagent tout à la fois leur connaissance et leur passion (y compris avec un public de non-voyants) ; ceux des experts qui restaurent patiemment les tableaux pour comprendre leur genèse ou tenter de percer leurs secrets (avec à la clé une séquence digne d’un polar : le Portrait de Frédéric Rihel à cheval de Rembrandt cache un autre tableau, inachevé) ; ceux des petites mains aussi, qui cirent le parquet, accrochent les oeuvres ou s’élèvent sur un monte-charge vertigineux pour modifier de quelques degrés l’angle d’un projecteur ; ceux des dirigeants, enfin, qui répètent inlassablement, de réunion en réunion, leur souci du grand public, tout en affichant une certaine morgue pour toute forme de concession populaire. Par exemple, dans une séquence digne d’une farce surréaliste, un débat oppose l’administrateur général à sa directrice de communication au sujet de la nécessité d’accueillir le marathon de Londres, ce qui bloquerait l’entrée mais ferait de la publicité au musée. Présent pour l’inauguration des expositions temporaires consacrées à Leonard de Vinci (grand succès public) et au Titien (plus élitiste), Wiseman montre la National Gallery à la fois comme une fourmilière mystérieuse oeuvrant à la transmission de l’art et comme une grande entreprise soumise aux lois du marché. Car "l’oeil de celui qui voit" est celui de Wiseman lui-même. Après l’hôpital (Near Death, 1989), l’Opéra de Paris (La Danse, 2009) et l’université de Berkeley (At Berkeley, 2013), il poursuit ainsi, à 84 ans, sa passionnante immersion au coeur des institutions publiques. En près de trois heures, il impose une leçon virtuose de mise en scène documentaire. À chaque plan, il parvient à trouver la distance adéquate, le juste découpage et le bon rythme pour créer, à l’écran, une intimité saisissante - tout autant avec les personnes qu’avec les oeuvres. Et c’est alors tout un tourbillon d’histoires passées et présentes, racontées et vécues, peintes et filmées, qui s’offre à nos yeux - les yeux de ceux qui voient enfin. _C.L.
© LES FICHES DU CINEMA 2014
Logo

Exploitation