Synopsis
Après, notamment, Félins et Chimpanzés, et avant Le Royaume des singes, prévu pour 2015, Grizzly est le cinquième film produit par le label Disneynature, qui s’est donné la mission de livrer chaque année un documentaire animalier à gros budget pour éveiller un public familial aux merveilles de la nature. Grizzly montre ainsi les premiers mois de la vie de deux oursons en Alaska : leur naissance dans la tanière de leur mère, leur premiers pas à l’extérieur et leurs premières interactions avec leur environnement, jusqu’au début de l’hibernation suivante. Comme Félins, Grizzly est signé par Alastair Fothergill, formé à la BBC et réalisateur fidèle de Disneynature (Un jour sur terre, Chimpanzés), et Keith Scholey. L’affiche du film, copie assumée de celle de Félins, annonce d’emblée que la maison de production reprend la formule exacte de ses précédents succès, qui repose sur un mélange d’images spectaculaires et d’une scénarisation devant mettre en valeur émotions et suspense. Disposant de moyens techniques et humains conséquents (le tournage a duré deux ans), les réalisateurs peuvent, en effet, offrir des images rares, s’approchant au plus près des animaux sauvages pour capter leurs mouvements et leurs expressions. Hormis la séquence d’ouverture, tournée avec des ours en captivité (l’ourse du film n’aurait pas accepté que l’équipe entre dans sa tanière), Grizzly a pour cadre les paysages grandioses du parc national de Katmai, en Alaska. Si ces ours sauvages sont montrés avec un souci de réalisme, se distinguant des représentations anthropomorphiques, il s’agit d’abord et avant tout, suivant la marque de fabrique du label, de raconter une histoire. L’enfance des oursons est filmée de manière chronologique, comme un récit d’initiation, et leur âge doit faciliter l’identification du jeune public. En effet, tout est fait pour que les enfants soient en terrain connu : la personnification des animaux (chacun se voit attribuer un nom) rapproche le film des dessins animés Disney, les "personnages" principaux sont attachants (les oursons sont attendrissants, comme leur mère qui les protège coûte que coûte et leur apprend à survivre dans un milieu hostile), et il y a même des antagonistes inquiétants. La dramaturgie est travaillée comme dans une fiction, avec des enjeux forts - il faut trouver de la nourriture, résister aux ours plus puissants (statistiquement, seulement la moitié d’une portée d’oursons survit à sa première année) - et un happy end rassurant. Il est dommage que la nature, ses hasards et ses surprises n’aient pas plus de place dans ce récit qui semble trop bien réglé et trop prévisible, surtout pour le public adulte. Le commentaire audio, qui appuie chacun des enjeux de manière artificielle, renforce encore cette impression. Comme les précédents films du label, Grizzly souffre, en effet, d’un commentaire pesant, qui répète ce que dit l’image et alterne entre observations scientifiques et dialogues imaginaires des animaux, leur prêtant des réactions et des émotions humaines, ce qui est paradoxalement contraire à la prétention d’approche réaliste du film. _An.B.
© LES FICHES DU CINEMA 2014