Art and Craft (2014) Sam Cullman, Jennifer Grausman, Mark Becker

Le Faussaire

Pays de productionEtats-Unis
Sortie en France18 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée89 mn

Générique technique

RéalisateurSam Cullman
RéalisateurJennifer Grausman
RéalisateurMark Becker
Société de production Motto Pictures (New York)
Société de production Non Sequitur Productions
Société de production Yellow Cake Films
ProducteurSam Cullman
ProducteurJennifer Grausman
Distributeur d'origine VisioSfeir (Lyon)
Directeur de la photographieSam Cullman
MonteurMark Becker

générique artistique

Mark A. Landis
Matthew Leininger
Aaron Cowan

Bibliographie

Synopsis

Mark Landis est un homme d’une soixantaine d’années, au dos voûté et à la douceur presque inquiétante. Diagnostiqué schizophrène dès son adolescence, il a délibérément échappé aux institutions psychiatriques, dont il explique qu’elles l’auraient détruit. Pourtant, conscient de sa maladie, il continue à se rendre chez les médecins, qui l’interrogent régulièrement et presque mécaniquement sur sa psychose, ainsi que sur ses effets sur son quotidien, rythmé par la peinture et par la reproduction d’oeuvres d’art... Car Mark Landis est un faussaire. Et sans doute l’un des plus doués. Pendant trente ans, ce natif de Laurel, Mississippi, a dupé délibérément un nombre incalculable de musées américains qui ont, sans sourciller, ajouté à leurs collections des oeuvres parfois retravaillées à partir de simples photocopies. Mais ce qui fascine dans le travail de Landis - au-delà de son impressionnante qualité technique -, c’est son absence totale de vénalité : jamais il ne vend ses oeuvres. Il en fait don aux musées en s’inventant une soeur fictive qui, la plupart du temps, aurait récupéré des tableaux dans des ventes aux enchères. Et, trop contents de pouvoir agrandir leur catalogue à peu de frais, la plupart des musées n’y voient que du feu. Pourtant, si ce documentaire existe, et si Mark Landis est aujourd’hui une figure connue du monde de l’art, c’est parce que le pot aux roses est découvert en 2007 par Matt Leininger, à l’époque conservateur du musée d’Oklahoma City. Leininger commence alors à développer une véritable obsession pour le faussaire, au point d’être finalement licencié par son employeur, qui estime que cette obsession a pris le pas sur le reste de son travail. Tel Achab à la recherche de Moby Dick, Leininger n’a de cesse de vouloir confondre son adversaire, tout en parcourant l’Amérique à la recherche de ses nombreuses copies. Les deux personnages deviennent alors les deux faces d’une même médaille, représentant confusément le bien (Leininger) et le mal (Landis), sans qu’il soit finalement évident de décider lequel est le plus fou des deux. Dans la forme, le documentaire de Sam Cullman et Jennifer Grausman ne révolutionne rien, mais on sent chez les auteurs l’envie de construire un puzzle pour donner corps, petit à petit, à ce qui ressemble à une enquête journalistique. Pourtant, si le film est réussi, ce n’est pas par ce qu’il met en oeuvre pour comprendre et percer les secrets du sujet, mais plutôt par son échec total à y parvenir. Les voies de Landis restent impénétrables : celui qui, régulièrement, change d’identité pour distribuer ses tableaux aux quatre coins de l’Amérique (il est parfois le Père Arthur Scott, parfois Mark Lanois, parfois Steven Gardiner), ouvre aux deux réalisateurs les portes de sa maison, et leur permet même de filmer son travail, mais il garde en permanence une part mystérieuse et enfantine qui le rend infiniment sympathique, et qui désarme la plupart des personnes à qui il a affaire, quand bien même celles-ci chercheraient à le confondre. Ce portrait en creux qui n’arrive jamais à cerner son sujet est des plus fascinants.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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