Les Chebabs de Yarmouk (2013) Axel Salvatori-Sinz

Pays de productionFrance
Sortie en France18 mars 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée78 mn

Générique technique

RéalisateurAxel Salvatori-Sinz
ScénaristeAxel Salvatori-Sinz
Société de production Adalios (Lussas)
Société de production AndanaFilms (Lussas)
Coproduction Taswir Films (Toulouse)
Coproduction Maritima TV (Martigues)
ProducteurMagali Chirouze
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Directeur de la photographieAxel Salvatori-Sinz
Ingénieur du sonAxel Salvatori-Sinz
Compositeur de la musique originaleReem Kelani
Compositeur de la musique originale Stormtrap
MonteurAurélie Jourdan

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Axel Salvatori-Sinz, auteur de ce documentaire imparfait et émouvant, a commencé son parcours par une formation en anthropologie. Yarmouk sera donc le terrain d’observation (bien plus que de réflexion) d’une population, ici palestinienne, littéralement stratifiée, minéralisée, enclavée, depuis près de quatre générations dans un improbable et tragiquement iconique statut de réfugié. Filmés entre octobre 2009 et décembre 2011, les jeunes dont nous suivons ici les parcours, filles (étonnamment émancipées) et garçons de 22 à 26 ans, Samer, Hassan, Waed, Ala’a, Tasneem, érudits, exigeants, acérés, artistes, ont, eux, tous définitivement et lucidement abandonné l’idée d’un retour en Palestine, espoir qu’entretenaient encore vaguement leurs parents et ardemment leurs grands-parents. Pour eux, cette terre natale ne fait plus sens. Désormais à la fois enfants du monde et du désabusement, ils n’aspirent qu’à l’ailleurs et cet ailleurs n’est pas pour eux en Orient mais en Europe ou en Amérique (notamment au Chili, qui concentre une des plus fortes diasporas palestiniennes au monde). Or, pour viser à ce lointain, seule perspective pour advenir, il faut un passeport, denrée rare dans une Syrie tout sauf démocratique, où les Palestiniens restent manipulés tant par le pouvoir du père Hafez que par celui du fils, Bachar. Ces réfugiés, une identité ici proprement héréditaire, jamais intégrés à la communauté nationale, ni détenteurs d’un statut de sujet autonome, maintenus on ne sait pourquoi dans l’ordure et le délabrement, toujours utilisés au nom de leur passé et pour autant sans avenir, n’obtiennent le graal du passeport (lequel précise leur état de Palestinien) qu’après de nombreuses tentatives dans ces méandres atrocement bureaucratiques propres à toute dictature. Enfin, pour les garçons, le départ ne peut s’envisager qu’après l’écot sinistre, vain et interminable payé à l’incorporation bien syrienne dans une improbable "Armée de libération de la Palestine". Cette jeunesse, sacrifiée et digne, laissée en marge de tout espoir, engluée dans l’éternelle et si commode instrumentalisation contre Israël, par sa force de résilience et son obstination tranquille à espérer, force le respect. Manque pourtant à ces beaux portraits tragiques et tendres une mise en perspective historique qui, en donnant quelques éléments de contextualisation structurants, voire même un point de vue net, aurait insufflé vigueur et clarté. Alors que le film sort, la situation syrienne a changé et avec elle le camp de Yarmouk, désormais détruit à 60 %. Sur les 500 000 habitants qui y vivaient, il n’en reste qu’environ 20 000. Le bel Hassan, plein d’un amour délicat pour sa fiancée et de confiance en un avenir pourtant incertain, est mort sous les coups des hommes de main de Bachar el Assad. Le camp, déchiré comme le pays, entre les pro et les anti-Assad, est désormais encerclé par l’armée syrienne, qui impose aux derniers habitants jugés rebelles un embargo alimentaire qui les affame. Ainsi, de Yarmouk, de ses espoirs et de ses joies, il ne reste rien, ce qui apporte à ce film sa dimension tragique d’archive contemporaine.
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