Edgar Morin, chronique d'un regard (2014) Céline Gailleurd, Olivier Bohler

Pays de productionFrance
Sortie en France29 avril 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée81 mn

Générique technique

RéalisateurCéline Gailleurd
RéalisateurOlivier Bohler
ScénaristeCéline Gailleurd
ScénaristeOlivier Bohler
Société de production Nocturnes Productions (Montreuil)
Producteur exécutifRaphaël Millet
Distributeur d'origine Tamasa Distribution (Paris)
Directeur de la photographieDenis Gaubert
Ingénieur du sonJean-Luc Peart
Ingénieur du sonJean-Philippe Navarro
MixeurJerôme Isnard
MonteurAurélien Manya

générique artistique

Edgar Morin(dans son propre rôle)
Mathieu Amalric(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Les "portraits d’intellectuels", au cinéma comme à la télévision, sont rarement satisfaisants. Ils se résument souvent à d’inutiles panégyriques énamourés, parsemés de citations n’apportant rien de neuf aux connaisseurs et laissant les profanes sur leur faim. Heureuse surprise, ce n’est pas le cas ici. À une approche pédagogique attendue (du type : "la complexité pour les nuls" ou encore "itinéraire d’un rebelle"), le film choisit un chemin de traverse particulièrement pertinent, à savoir : Morin et le cinéma. Par le biais de la passion du penseur pour le 7e art, ce sont à la fois sa vie, sa formation intellectuelle et son travail de chercheur qui sont évoqués, comme par inadvertance, sans lourdeur explicative. On voit le philosophe marcher, faire des interventions, on l’entend en voix off ; on entend aussi la voix de Mathieu Amalric disant des extraits de ses textes. Un peu de mise en scène, mais rien de trop artificiel. De sa "cinéphagie", refuge du petit garçon qui venait de perdre sa mère, à sa cinéphilie de jeune homme, Morin nous fait partager ses émerveillements devant de grands films soviétiques, Le Chemin de la vie de Nikolai Ekk ou Les Marins de Kronstadt (film qui l’a influencé jusque sur le plan vestimentaire !), puis ses premières prises de conscience politiques grâce à des films comme La Tragédie de la mine de Pabst. Il dit aussi l’influence d’À l’Ouest, rien de nouveau ou des Croix de bois sur le résistant qu’il allait devenir. De film en film, c’est bien la construction d’un regard qui nous est racontée. Regard de l’homme comme du philosophe. Car Morin, à la différence de nombre d’intellectuels de son temps, vit dans le cinéma un véritable objet d’étude. En témoignent les livres et articles qu’il lui consacra. Son approche, anthropologique et poétique, sort des sentiers battus. Sa lecture des stéréotypes, le rapprochement qu’il fait entre cinéma et pratiques ancestrales, l’analyse de la tension entre industrie et travail créateur, tout cela sonne juste et ne tombe jamais dans le jargon. Morin raconte aussi par le menu l’expérience de Chronique d’un été, le film qu’il réalisa avec Jean Rouch, et qui tenta de concrétiser le "cinéma-vérité" qu’il appelait de ses voeux. Anecdotes de tournages, rushes inédits... Le spectateur est gâté et ne s’ennuie jamais. Il ressort de ce film une sorte de gaieté, de vivacité tout à fait rafraîchissante. La personnalité du philosophe, simple, positive, marque autant que ses propos. Morin voit dans le cinéma une possibilité de s’intéresser à ceux qui ne nous intéressent pas dans la vie, de les voir dans leur humanité, leur complexité, et pourquoi pas de les comprendre. Le cinéma nous rend meilleur, dit-il. Le drame, ajoute Morin, c’est qu’on oublie ça dès que l’on sort de la salle. Peut-être peut-on en dire autant de la littérature ou d’autres choses encore, mais ce paradoxe fondamental du cinéma a rarement été aussi bien mis en lumière que par les paroles de l’auteur de La Méthode. Cette Chronique d’un regard tient donc son pari, pose de bonnes questions et donne envie de découvrir à la fois les grands livres de Morin et les films qu’il évoque.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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