Le Bois dont les rêves sont faits (2015) Claire Simon

Pays de productionFrance ; Suisse
Sortie en France13 avril 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée146 mn

Générique technique

RéalisateurClaire Simon
Assistant réalisateurJudith Fraggi
Assistant réalisateurLucas Delangle
ScénaristeClaire Simon
Société de production Just Sayin' Films (Paris)
Société de production Pio & Co (Paris)
Société de production Tipi'Mages Productions (Genève)
ProducteurJean-Luc Ormières
ProducteurSandrine Dumas
CoproducteurFrancine Lusser
CoproducteurGérard Monier
Distributeur d'origine Sophie Dulac Distribution (Paris)
Directeur de la photographieClaire Simon
Ingénieur du sonOlivier Hespel
MonteurLuc Forveille

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Claire Simon, la réalisatrice de cette délicate promenade boisée, a grandi loin de Paris, au coeur de la campagne varoise et d’une enfance qui donne le goût des espaces, des horizons lumineux et de la vastitude. Tout ce dont nous prive la ville. C’est ainsi que, devenue parisienne, elle a pris, chaque week-end, l’habitude de s’évader, de s’aérer, de s’égarer au bois de Vincennes, plongeant avec délice son regard dans ses futaies domestiquées mais inespérées pour un citadin épuisé. Elle y retrouve comme un goût d’enfance, d’onirisme, de poésie et d’errance, ce qu’elle entend nous faire partager ici. Elle nous entraine à sa suite dans des allées ouvertes ou feuillues, sur un lac ensoleillé où il fait bon canoter, dans des fourrés plus interlopes, sous la pluie, le vent, l’azur, à la rencontre d’habitués - improbables ou plus attendus - de ce lieu en marge de la ville, mais qui en est pourtant comme un prolongement. Elle y croise des personnages entre deux eaux, deux mondes, deux espoirs, aussi duaux que ce bois, entre ville et campagne. Il y a le dragueur homo, mateur maté, qui nous fait les honneurs de ses zones de chasse et nous initie à ses stratégies de drague, Stéphanie, la blonde prostituée toute potelée au sourire désarmant, Laëtitia qui brique son campement de fortune ou Philippe, l’anachorète fragile, émacié et hirsute, vrillé de solitude, qui s’apprivoise avec lenteur. On y croise aussi des cyclistes performants, des joggeurs invétérés, une mère de famille mélancolique, un promeneur de chiens professionnel, et puis tous les exilés du monde... Ceux venus de Guinée-Bissau, qui se retrouvent, l’espace d’une soirée d’été, à mouvoir leurs corps élastiques autour des barbecues ou ceux, venus du Cambodge, et qui fêtent là, autour de la Pagode de Vincennes, la nouvelle année bouddhiste. L’un d’entre eux nous rappelle qu’enfant, déjà, il avait pour habitude de se réfugier dans les ramures des arbres du Cambodge pour demander aux esprits de la forêt de le protéger de la vindicte de la dictature en place. Il y a aussi Antonio, agent municipal du bois, qui bichonne tendrement ses pigeons voyageurs, ou ces deux jeunes pécheurs qui relâchent, non sans l’avoir abondamment photographiée sous le regard mi épaté, mi indigné des promeneurs, une énorme carpe à moitié asphyxiée. En somme, toute une société bigarrée et multiple qui se côtoie ou se croise sans jamais vraiment se rencontrer, ce dont rend compte un montage pensé ici "comme la structure d’un Rubik’s Cube". De tout cela sourd une mélancolie étrange : celle de l’enfance et des saisons qui passent, de l’impermanence et de la fragilité résolue des choses et des mondes. Le film est dédié à Gilles Deleuze qui, longtemps, enseigna à la faculté de Vincennes. Aujourd’hui disparue, il n’en reste, telle une Atlantide végétale, que des morceaux épars de dalles cimentées recouvertes de végétation. Émilie Deleuze les cherche avec application sous leur couverture d’humus. Cette image d’une fille cherchant, par-delà les années, la trace de son père dont le visage apparaît alors en surimpression, est comme une profession de foi cinématographique de la part de cette bien délicate réalisatrice.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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