Les Habitants (2015) Raymond Depardon

Pays de productionFrance
Sortie en France27 avril 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée84 mn

Générique technique

RéalisateurRaymond Depardon
Société de production Palmeraie et Désert
Société de production France 2 Cinéma
ProducteurClaudine Nougaret
Distributeur d'origine Wild Bunch Distribution (Paris)
Directeur de la photographieRaymond Depardon
Ingénieur du sonClaudine Nougaret
MixeurEmmanuel Croset
Compositeur de la musique originaleAlexandre Desplat
MonteurPauline Gaillard

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Pour son vingt-et-unième long métrage, Raymond Depardon a conduit une petite caravane à travers la France, de petites villes en métropoles, via quelques banlieues, la posant sur des places ou le long d’une artère plus ou moins importante. On démarre dans la très provinciale Bar-le-Duc, puis une quinzaine d’autres cités suivent, que l’on peine parfois à identifier, Depardon ne cherchant guère à nous éclairer : il y a Charleville, Nice, Villeneuve-Saint-Georges, probablement Sète, peut-être Toulouse... Son but ? Saisir (au hasard ?) des conversations de leurs "habitants" et prier ceux-ci de les poursuivre librement au fond de la caravane, de part et d’autre d’une petite table, filmés de profil par une caméra fixe. Désespérément fixe : on comprend d’emblée que la mise en scène sera la première grande absente de ce film. Mais bon : si les conversations sont riches, interrogent ou titillent le spectateur, pourquoi pas ? Seulement voilà : Pierre Dac écrivit jadis qu’il fallait "une infinie patience pour attendre ce qui n’arrive jamais". Après avoir vu et entendu un vieux couple lorrain, on se prend à espérer lorsque deux septuagénaires dissertent sur la/leur solitude. Ensuite, hélas, notre respect pour Depardon a beau nous avoir disposé à son endroit d’une patience aussi attentive que favorable, notre résistance est soumise à trop rude épreuve lorsque défilent sur l’écran jeunes femmes confrontant leurs problèmes de vie quotidienne, jeune couple vaguement préoccupé par son avenir, garçons dénigrant leur vie en banlieue ou déballant avec une vulgarité assumée leur sexisme primaire, jeunes "beurettes" alignant quelques platitudes sur l’islam, etc. Le procédé arbitraire de Depardon s’avère vite pesant et se retourne contre son propos revendiqué de "donner la parole aux Français" (sic). Rien ou presque dans ce que nous voyons ne nous accroche, tant le réalisateur s’obstine à ne pas intervenir, à ne rien mettre en perspective, bref à ne rien faire, au nom de la "liberté" des protagonistes. Une "liberté" forcément piégée - la caméra est là et ils le savent - et qui, du coup, a bon dos ! La caméra est là, certes, mais pas le cinéma, dans cette succession bientôt morne de gens qui se regardent mais nous ignorent (nous excluent !), qu’on ne connaît pas et dont on ne nous donne aucune clé pour les approcher, aux propos souvent d’une totale banalité, voire parfois gênants par leur vacuité agressive, donnant souvent l’impression qu’en fait ils ne se parlent pas, mais meublent pour faire plaisir au réalisateur. Alors, on se surprend à les quitter des yeux, à ne plus écouter leurs trop fréquents débagoulages, et à regarder, faute de mieux, la vie du dehors qui, parfois, s’inscrit dans la lunette arrière de la caravane, écran enfin animé ! Déjà, il y a quatre ans, son Journal de France [cf. Annuel 2013] avait déçu nombre de ceux (et nous en sommes) qui placent Depardon au plus haut rang des documentaristes. Qu’on se souvienne des magistraux Profils paysans et autres Urgences, Délits flagrants ou Faits divers... La vision de ces Habitants risque fort, malheureusement, d’encore plus les contrister...
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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