This is my land (2013) Tamara Erde

Pays de productionFrance
Sortie en France20 avril 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée93 mn

Générique technique

RéalisateurTamara Erde
Société de production Iliade & Films
Coproduction Saya Films (Paris)
ProducteurTatiana Bouchain
ProducteurOury Milshtein
CoproducteurJulien Loron
Directeur de la photographieTamara Erde
Ingénieur du sonCédric Lionnet
MixeurCédric Lionnet
Compositeur de la musique originaleSiegfried Canto
MonteurAudrey Maurion

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

This is My Land, c’est le moins qu’on puisse dire, est un film cadré, borné même, par un alpha et un oméga inconciliables à propos de l’Histoire - il faudrait écrire "des" Histoires - vue ici à travers le prisme de son enseignement. Ainsi, dans cette région tourmentée du monde que forment l’État hébreu et les territoires palestiniens - une seule terre, deux Histoire(s) - cette question de l’instruction du passé prend place entre deux formules aussi célèbres l’une que l’autre. La première, toute mitterrandienne, souligne qu’"un peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité", quand la deuxième, plagiée d’un proverbe africain par Howard Zinn, vaut rappel à l’ordre : "Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’Histoire sera racontée par les chasseurs...". Ce premier film de Tamara Erde, toute jeune cinéaste franco-israélienne, prend donc la route pour s’en aller voir d’un peu plus près comment s’enseigne l’Histoire dans les écoles israéliennes et arabes, qu’elles soient publiques ou privées, confessionnelles ou non, en Israël même ou dans les territoires, comment sont conçus et rédigés les manuels des uns et des autres, et parfois censurés, interroge les enseignants, comment ils se conforment, ou pas, à la doctrine imposée par le ministère de l’éducation, quelle est exactement leur marge de manoeuvre, l’étendue de leur liberté d’analyse et d’expression. Dans ce jeu du chat et de la souris, dont les règles sont structurellement truquées, personne n’est dupe. Il y d’un côté l’enseignement officiel d’une Histoire officielle, de l’autre une évidente amertume, de réelles difficultés à faire entendre un autre point de vue, une autre compréhension du passif. Le film n’en prend pas moins toute sa dimension, et son envol, en interrogeant également les enfants, les élèves de chacune des deux rives du conflit. Du propos de ces jeunes gens en devenir, il résulte un sentiment de tristesse infinie, de fatum dévasté. Qu’il s’agisse des enfants juifs d’une part, qui savent au milieu de quels dangers ils vivent, habités déjà de ce bon droit du dominant, de cette certitude que le régime d’existence de l’État qui est le leur justifie tous les sacrifices et tous les dénis. À l’image de ce jeune garçon israélien, pré-adolescent, qui dit ne pas connaître le mot hébreu correspondant à "conflit" et demande à la cinéaste ce qu’il signifie. Très exactement comme s’il l’entendait prononcé pour la première fois. Ou des enfants palestiniens mûs, c’est selon, par un grand désarroi, par une colère sans espoir et sans issue politique, par un avenir sans contours, rien moins qu’opaque. Formée, pour partie, au Studio national des arts contemporains du Fresnoy, Tamara Erda signe un premier documentaire qui, tout en prenant l’allure d’un road-movie, dont on peut regretter parfois la brièveté de quelques une des étapes, reste relativement classique sur le plan formel. Pour finir, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, This is My Land corrobore en mode mineur, c’est-à-dire sans pathos ni excès, l’incomparable formule de Paul Valery : "L’histoire est la science du malheur des hommes". À voir donc, on l’aura compris !
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