L'Héroïque lande - La frontière brûle (2017) Nicolas Klotz, Elisabeth Perceval

Pays de productionFrance
Sortie en France11 avril 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée220 mn

Générique technique

RéalisateurNicolas Klotz
RéalisateurElisabeth Perceval
ScénaristeNicolas Klotz
ScénaristeElisabeth Perceval
ProducteurThomas Ordonneau
ProducteurNicolas Klotz
ProducteurElisabeth Perceval
ProducteurJulien Sigalas
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieNicolas Klotz
Ingénieur du sonElisabeth Perceval
MixeurMikaël Barre
Compositeur de la musique originaleUlysse Klotz
GraphisteElena Germain

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Calais, hiver 2016. À quelques heures au nord de Paris, une ville de tentes, d’habitations précaires et de bâches volantes a émergé de la boue. Pendant deux mois, L’Héroïque lande part à la rencontre des habitants de la jungle de Calais. Envisager l’initiative de Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval comme purement dramatique et dénonciatrice serait une erreur. S’il n’évacue jamais l’image d’une impressionnante débandade politique, leur documentaire capte surtout des épisodes puissants d’une odyssée humaine. Ainsi, durant plus de 3h40, le spectateur assiste à la constitution d’une nation, prête à tout pour imposer son existence et sa voix. Totalement immersif, le film fait alterner les futilités d’un quotidien presque intemporel (le boulanger Kahn confectionnant son pain, les courses aux "supermarchés" de la "ville", les discussions nocturnes autour d’un feu...) et des instants plus solennels (le démantèlement de la zone Sud). Face caméra, de jeunes exilés racontent sans retenue les conditions de leur arrivée à Calais, leur(s) passage(s) douloureux en Libye ou en Afghanistan, mais surtout leur rêve d’Angleterre. Tour à tour drôles, glaçantes, remplies d’espoir et désillusionnées, les confessions privilégient constamment la résilience plutôt que le misérabilisme. En témoignent les tentatives d’échappée hebdomadaires de Zeid - un Éthiopien tout juste majeur - et ses compagnons d’infortune. Sans cesse repérés par les autorités, ces derniers retrouvent au petit matin leur maison temporaire. Mais le groupe persiste, reprend des forces, teste des passages secrets, invisibles à l’écran... Le documentaire refuse systématiquement de filmer les interventions externes. Seuls quelques plans furtifs sur des policiers, des journalistes ou des bénévoles rappellent brièvement la destruction imminente du lieu. Pour ce qui est du reste, L’Héroïque lande se pare d’une dimension quasi fantastique. De jour comme de nuit, la jungle de Calais baigne dans une brume irréelle. Les corps, déambulant parmi les chemins labyrinthiques, prennent quant à eux l’allure de spectres. Cette mise en abyme rappelle alors à quel point la réalité nourrit la fiction, quitte à parfois la surpasser. S’inscrivant dans la continuité de leurs précédents longs métrages (notamment La Blessure, signé Klotz, mais dont Perceval signa le scénario), le projet des auteurs interroge plus généralement la forme du documentaire. En témoigne chaque rencontre, qui annonce naturellement une nouvelle épopée, un nouveau récit. Cette multiplicité narrative constitue alors la richesse et la complexité d’une oeuvre qui a l’intelligence de tempérer les codes habituels du genre (de rares plages musicales sur-signifiantes) - quand il ne les dynamite pas complètement (l’absence de voix off et de distance journalistique). Bien que chaque habitant recouvre une existence et une visibilité par la parole, l’horizon d’une future liberté demeure incertain. Pour Zeid, la déception sera au rendez-vous. "Rain ! Rain ! Rain... F*** England ! I miss the jungle", confie-t-il lors d’un appel à son ami Dawitt, resté à Calais. Qu’importe, ce dernier continuera de braver les frontières, tel un Sisyphe désabusé...
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