Synopsis
H est bien difficile de raconter, et encore plus de résumer, un film comme l'Ecume des jour. Trois garçons : Colin, Chick, Nicolas. Trois filles: Chloé, Alise, Isis. Colin et Chloé sont les héros principaux. Chick et Alise viennent ensuite. Nicolas est une sorte de témoin. Isis ne fait que des apparitions sporadiques. A la faveur d'un brouillon de Jean Sol Partre (anagramme de Jean-Paul Sartre), retrouvé par Alise dans une poubelle, nous faisons connaissance avec Alise et Chick. Alise aime Gluck et volontiers l'épouserait. Mais Chick éprouve une autre passion : c'est un dévot de Partre, prêt à engloutir une fortune dans l'achat des reliques de l'Idole (une pipe, un short ridicule ou même simplement la trace de son index sur une reliure). Belmont nous invite ensuite à pénétrer dans l'univers de Colin et de Nicolas. Chacun d'eux, à sa manière, a découvert une machine à tuer l'ingratitude du temps. Nicolas s'applique, selon des procédés mécaniques dignes de la science-fiction et en suivant minutieusement les consignes du Gouffé, à préparer des plats théoriquement succulents. Colin, lui, a mis au point le pianoktail, instrument étrange, producteur de musique et de cocktails, la variété de ceux-ci provenant des variations de celle-là. Mais un événement nouveau intervient, qui relègue au second plan ces dérivatifs à l'ennui et transforme la vie de Colin et de Nicolas. Au cours d'une promenade dans une nature printanière, Colin, avec la complicité de Nicolas, découvre en Chloé le grand amour et l'enlève hardiment des rangs fastidieux de la promenade des pensionnaires. Le temps d'un itinéraire inoubliable sur un Pégase à deux roues et nous voici revêtant qui la voile nuptial, qui l'habit du dimanche. Le temps de deux ou trois farandoles rouge et noir de choristes et de suisses entremêlés, et nous voici mariés. Curieux voyage de noce à travers taudis et tuyaux. Juste de quoi se rendre compte que ce n'est pas tellement bien de travailler et que ça empêche de penser à l'amour. Mais qui peut croire à l'amour ? Le receveur, qui vient toucher de l'argent ? Le client, qui lui enfonce, en guise de paiement, un couteau dans le dos ? La concierge, en guise d'oraison funèbre, qui gueule : « Vos pieds, nom de Dieu » ? Chick qui investit cinquante mille francs ou le double dans le caleçon de Partre ? les dingues qui jouent au tennis à la grenade ? Heureusement il y a Colin et Chloé. Ils s'aiment. Trop beau. Cela ne peut durer. Chloé est malade. Qu'est-ce que ça peut faire, dit la docteur, puisque Chloé est jeune et jolie. Le docteur rédige une ordonnance. La marchand de remèdes l'applique. Comme s'il savait. Comment savoir ? Comment mettre à mort ce superbe nénuphar qui dévore par l'intérieur la poitrine de Chloé ? Elle est sur un lit de douleurs, Chloé, dans une chambre pleine de fleurs et condamnée à mourir de soif au milieu de vases et de bocaux remplis d'eaux abondantes. Colin est condamné, lui aussi. Condamné, parce que les fleuristes sont avares, à vendre sa belle voiture. Condamné au travail pour gagner de l'argent, condamné à planter des fusils, à vendre le piano, à garder inutilement le trésor de la banque, à renvoyer même Nicolas. L'argent et l'amour. Deux ennemis irrémédiable, sans doute. Si encore Colin avait eu la chance de découvrir plus tôt les merveilles d'Alise. Mais Alise aime Chick, Chick aime Partre. Quel labyrinthe ! Pas d'autre issue pour Alise que de tuer Chloé sur une banquette du Flore. Cela ne coûte que 150 francs sans le service, dit le garçon de café indifférent. Colin promène son désespoir dans une voiture-sandwich. Il fait des annonces au micro. Le même micro qui lui annonce que Chloé va mourir, simple fait divers pour les habitués de la terrasse. Est-ce un effet de télépathie ? Au moment même, Chloé appelle Colin. Aucune réponse. Chloé dans une robe coquelicot est maintenant dans la rue, assoiffée, elle boit et danse avec un balayeur noir. La voici bientôt vivante dans les bras de Colin. Vivante et amoureuse. Un i
© Les fiches du cinéma 2001