Synopsis
Après
Le Peuple singe et
Microcosmos, le peuple de l'herbe, J. Perrin a suivi pendant trois années les oiseaux migrateurs un peu partout sur la planète. Il signe ici lui-même la réalisation de ce documentaire animalier luxe. Comme pour Microcosmos, le choc des images est immédiat : plans magnifiques, d'une étonnante proximité (intimité presque) avec les animaux, et une partition sonore envoûtante (très habile mixage de sons directs, de sons conçus en studio et d'accompagnement musical toujours signé B. Coulais). Perrin veut montrer le plus d'espèces possibles et les oiseaux se succèdent à une cadence soutenue : oies, bernaches, grues, cigognes, flamands, cygnes, pélicans, condors, ramiers. De tous les pays, de toutes les couleurs. Les arrières-plans sont souvent eux aussi d'une beauté sauvage saisissante : la grande muraille de Chine côtoie le Grand Canyon du Colorado ou Monument Valley, la Tour Eiffel les plages du Sénégal ou le Cercle polaire. Que de prouesses techniques accomplies pour retranscrire la magie d'un envol, bénéficier de bonnes conditions météorologiques et trouver un second plan parfait ! Tout est si soigné, que l'on pense parfois à des plans "mis en scène", ce qui serait évidemment impossible ! Il aura fallu aux techniciens une patience de tous les instants, une souplesse rare et un profond respect pour la nature. Il leur aura aussi fallu copieusement innover : prises de vues en ULM, dirigeables, zodiacs lancés à pleine vitesse... L'enchantement ne peut hélas durer toute la longueur du film. Faute d'intrigues, de construction dramatique, ce ne sont qu'oiseaux qui volent, encore et toujours. On peut alors se lasser... Manquent les péripéties concrètes de si longs parcours, les difficultés rencontrées en chemin. L'enjeu étant le même pour chaque espèce : la survie. Seules quelques séquences esquissent l'incroyable précision des vols ou les terribles dangers encourus. Le plus petit des volatiles du Peuple migrateur devra parcourir plusieurs milliers de kilomètres pour se protéger du froid et pouvoir se reproduire. Une discrète voix off (Perrin lui-même) nous donne quelques (précieux mais trop rares) éléments documentaires, et une incrustation nous présente chaque espèce et son parcours annuel kilométré. Pourtant, parfois une espèce encore plus photogénique que ses pairs nous enchante (étonnants fous de Bassan). Enfin, parce que tout n'est pas merveilleux dans la nature, Perrin nous réserve une scène terrible où un oiseau blessé tente d'échapper à un groupe de crabes affamés, ou encore une scène de chasse extrêmement bien inscrite dans le récit. Bref, même si le coeur ne palpite que peu tout au long de cet étonnant voyage, le perfectionnisme de l'entreprise impressionne à chaque seconde.
© LES FICHES DU CINEMA 2001