Synopsis
De la même manière que Luc Besson, après le "succès-phénomène" du Grand bleu, avait ressenti le besoin de "replonger" avec Atlantis, J. Cameron est, depuis le succès planétaire et inégalé de Titanic, totalement obnubilé par les grands fonds au point de ne plus envisager un film sans élément sous-marin. Outre ses fameux Terminator 1 et 2, Aliens, le retour ou True Lies, il avait, il est vrai, déjà été, par le passé, attiré par ce milieu, signant Abyss en 1989. Bouleversé par une plongée effectuée sur l'épave du légendaire paquebot lors de la préparation de son film aux onze Oscars, Cameron s'était promis de faire partager son émotion au grand public. Pour s'y employer, il a convoqué sur place les plus grands spécialistes, historiens, scientifiques, microbiologistes, ainsi que son frère, Mike, spécialiste de l'ingénierie et de la création de matériel pour grande profondeur. Celui-ci a confectionné un caisson protecteur (permettant une mobilité accrue des caméras et, surtout, d'atteindre les plus grandes profondeurs jamais filmées à ce jour) et des submersibles pilotés à distance (les ROV) d'une légèreté et d'une autonomie maximales. Pour que la sensation soit totale, le choix de la 3D s'est immédiatement imposé. Et, de fait, rarement le procédé fut aussi bien utilisé. Il n'apporte pourtant au film guère plus que des effets anecdotiques (un bras métallique s'avançant dangereusement vers le spectateur, par exemple). La technique reste superficielle et ne dépasse que rarement la stricte dimension de gadget. D'autant que, pour ancrer ses images d'épave dans leur vibrant contexte historique, Cameron n'hésite pas à visualiser virtuellement les salles visitées, compléter les objets endommagés, reconstituer les emplois du temps des passagers. Tous artifices pouvant vite apparaître artificiels. Et puis, pour être sûr de contrôler les émotions ressenties par le spectateur et bien lui expliquer à quel point l'expérience qu'il est en train de vivre est unique, Cameron a demandé à l'un de ses comédiens fétiches, B. Paxton (Aliens, Apollo 13 ou Twister) de figurer au coeur de l'expédition : ambassadeur des spectateurs, candide émerveillé. Mais, plus encore que Paxton, ce sont les deux robots "ROV", baptisés Jake et Elwood (ils swinguent pourtant moins que les Blues Brothers !), qui deviennent les héros du film. Lorsque l'un d'eux se retrouve emprisonné à l'intérieur du bateau, désespérément filmé par son compère, toute l'équipe retient son souffle. Climax d'un film entièrement axé sur la technique... Bref, aussi intéressant que soit ce document, il lui manque la magie, le charme ou la poésie qui, par exemple, habitaient "Le monde du silence".
© LES FICHES DU CINEMA 2003