Une visite au Louvre (2003) Jean-Marie Straub, Danièle Huillet

Pays de productionFrance
Sortie en France17 mars 2004
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn

Générique technique

RéalisateurJean-Marie Straub
RéalisateurDanièle Huillet
ScénaristeJean-Marie Straub
ScénaristeDanièle Huillet
Auteur de l'oeuvre originaleJoachim Gasquetd'après le chapitre 2 "Le Louvre" du livre "Cézanne - ce qu'il m'a dit"
Société de production Straub-Huillet Films
Société de production Atopic (Paris)
ProducteurChristophe Gougeon
Distributeur d'origine Pierre Grise Distribution (Paris)
Directeur de la photographieWilliam Lubtchansky
Directeur de la photographieRenato Berta
Ingénieur du sonJean-Pierre Duret
Ingénieur du sonJean-Pierre Laforce

générique artistique

Julie Koltaï(la voix de la narratrice)

Bibliographie

Synopsis

En liant singulièrement exigences formelles et intellectuelles, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub ont tissé une oeuvre résolument à part, souvent difficile, voire austère, mais toujours percutante et innovante. Cette Visite au Louvre ne déroge pas à la règle. Epurée à l'extrême, flirtant paradoxalement avec l'abstraction, sa mise en scène questionne et problématise les processus de représentation dans leurs dimensions physique, artistique, et même philosophique. Le film est composé d'une suite de plans fixes révélant les toiles de quelques grands maîtres du musée mythique (de La Victoire de Samothrace à L'Enterrement à Ornans de Courbet, en passant par Ingres, Véronèse, le Tintoret, David, Delacroix et Géricault), scandée par les commentaires enjoués de Cézanne. Ses propos ont été recueillis par Joacquim Gasquet, un jeune ami poète, qu'on sent terriblement admiratif du peintre, tant les paroles de ce dernier sont empreintes de fulgurance. Tout au long du film, elles sont déclamées par la voix hypnotique de Julie Koltaï dont le timbre, finement travaillé, s'oppose au statisme des images de manière à leur donner vie et mouvement. Ce parti pris formel pour le moins radical s'oppose en plein aux dispositifs de représentation traditionnellement adoptés par les films d'art, où la caméra ne cesse de se déplacer et d'investir la peinture, comme pour pallier à son immobilisme. Chez Straub et Huillet, la technique documentaire s'efface devant l'oeuvre, le cadrage épouse la fixité de son objet jusqu'à composer lui-même un tableau. Côté commentaire, on se plaît à entendre Cézanne, le peintre rebelle, amoureux fou de la puissance dévastatrice de la couleur, fustiger le classicisme castrateur d'un Ingres ou d'un David, tout en encensant la peinture de Delacroix et de Courbet, où la couleur fuit de toute part. En fait, derrière ce discours esthétique, on retrouve toute l'acuité du débat qui, au 19e siècle, opposait les classiques aux modernes, les peintres de l'histoire aux peintres de la couleur. A noter, pour terminer, qu'il existe deux versions légèrement distinctes du film. Un quasi-clonage qui prolonge de façon radicale la réflexion des cinéastes sur la nature et la plasticité du film, cet objet particulier où se croisent tous les paradoxes de la représentation. Un film radical donc, que les passionnés apprécieront : les autres risquent de s'endormir, bercés par les paroles de Cézanne.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
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