Synopsis
Voilà sans doute l'archétype du "film-dossier". Et presque au sens littéral. En effet, La Pelote basque s'apparente à une espèce d'énorme pavé austère, bourré d'informations, et complet jusqu'à l'indigeste par devoir de rigueur. Le dossier dont il est question ici est celui du Pays basque et des conflits qui l'agitent. Afin de dépassionner le débat et de le recentrer sur son véritable enjeu et son aspect le plus positif (la terre basque, sa particularité, sa beauté), Julio Medem a demandé à ses intervenants de quitter leurs contextes individuels pour venir parler dans des décors naturels. Ainsi, sur cet arrière-plan d'un pays présenté par fragments, se mêlent les points de vue les plus divers. Des personnalités directement impliquées (Julien Madriaga, cofondateur de l'ETA, Felipe González, ancien Premier ministre espagnol, des victimes ou parents de victimes du terrorisme, etc.), des artistes ou intellectuels basques, ou encore des témoins plus extérieurs, comme Alec Reid, porte-parole des pourparlers pour la paix en Irlande du Nord. A travers eux, ce sont non seulement des points de vue divergents qui s'affrontent, mais aussi toutes les manières d'envisager la question (de façon intellectuelle, émotionnelle, idéologique, raisonnable, etc.) qui se télescopent. Il résulte de tout cela le sentiment que le cinéaste s'est montré à la hauteur de son devoir d'objectivité et d'ouverture. Mais également une impression de confusion totale. En effet, dans ce flot de paroles, il est difficile de bien identifier qui est qui. De plus, si la construction semble chercher à être simple (souvent on en revient à l'évolution chronologique du conflit), elle ne parvient pas à se retenir de dévier dans des digressions déroutantes. S'il s'inscrit dans une démarche pédagogique, on peut donc dire que le film est raté. Car il ne nous intéresse et ne nous touche que par fragments. Le reste du temps, il nous perd en nous submergeant d'informations. Mais, au fond, peut-être le but de ce film est-il autre. En effet, l'objectif de Medem est sans doute moins de "sensibiliser" que de tenter un geste pacifiste, adressé à ses compatriotes basques. En effet, par cette accumulation de voix, le film tente de donner l'illusion d'un dialogue, afin de pouvoir, peut-être, susciter chez certains l'envie de l'engager réellement. Il faut dire que Medem (Les Amants du cercle polaire, Tierra, Lucía y el sexo) est un idéaliste, on le sait. Et, d'ailleurs, dans les rares moments où le film quitte son austérité (par exemple dans les travellings avant qui ouvrent et clôturent le film), on retrouve avec plaisir le fameux lyrisme, à la fois "too much" et généreux, de ce cinéaste d'ordinaire si épidermique.|#|#
© LES FICHES DU CINEMA 2004