Pour l'amour du peuple (2004) Eyal Sivan, Audrey Maurion

Pays de productionFrance
Sortie en France13 avril 2005
Durée88 mn

Générique technique

RéalisateurEyal Sivan
RéalisateurAudrey Maurion
Auteur de l'oeuvre originaleReinhardt O. Hahnd'après le livre "Pour l'amour d'un peuple, un officier de la Stasi parle"
Auteur de l'oeuvre originaleGilles-Marie Tinéd'après une idée
AdaptateurEyal Sivan
AdaptateurAudrey Maurion
AdaptateurAurélie Tyszblat
Société de production Arcapix Films (Paris)
Société de production Zero One Film GmbH (Berlin)
Coproduction RBB - Rundfunk Berlin-Brandenburg (Berlin)
ProducteurGilles-Marie Tiné
ProducteurThomas Kufus
Directeur de productionTassilo Aschauer
Distributeur d'origine Les Films du Paradoxe
Directeur de la photographiePeter Badel
Ingénieur du sonWerner Phillipp
MixeurMartin Steyer
Compositeur de la musique originaleChristian Steyer
Compositeur de la musique originaleNicolas Becker
MonteurAudrey Maurion
Conseiller artistiqueCornelia Klauss

générique artistique

Hanns Zischler(le narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Pour l'amour du peuple est une mise en image du témoignage de "monsieur B.", personnage tout à la fois mystérieux et ordinaire, ayant littéralement traîné vingt ans de sa vie dans les méandres du contrôle social est-allemand. Comme suggéré par le titre, son engagement inconditionnel dans la Stasi (police politique) est animé d'un amour profond pour la masse d'individus placée sous les auspices d'un État qui a fait sien les cauchemars hallucinés de Kafka. C'est en convaincu que monsieur B. contrôle. Il est l'exemple même de la banalité du pouvoir, lequel n'a pour raison d'être que la dynamique résistante, réelle ou simplement rêvée. Mais, dans un monde où le contrôle a définitivement remplacé la confiance, la paranoïa rend aveugle, c'est-à-dire incapable de voir que la machine s'effrite jusqu'à s'effondrer presque silencieusement. Lorsque tombe le mur, monsieur B. ne comprend pas ce désamour soudain et massif. Tant de conscience professionnelle dans la collecte d'informations, l'élaboration des dossiers et la surveillance est donc réduite à néant. C'est son être même qui se retrouve bafoué. Consciencieux jusque dans les dernières minutes précédant son licenciement, c'est encore incrédule devant son nouveau statut d'inutile que monsieur B. quitte son bureau aux couleurs verdâtres et passéistes, symptomatiques des moeurs administratives du socialisme réel. Filmé avec une tonalité toute lynchéenne, ce témoignage prend forme grâce à une multitude d'extraits de vidéo-surveillance dont l'enchaînement dénote une science du montage époustouflante. Pour Eyal Sivan, c'est d'ailleurs au montage que s'élabore réellement le scénario, période privilégiée où s'échafaudent les hypothèses qui, après un long processus d'essais / erreurs, vont finalement faire sens. Un sens qui ne prétend pas répondre mais plutôt questionner, en donnant à voir, juste à voir. Point ici de discours démagogique ou didactique, seulement une subjectivité assumée, avec comme finalité la production d'une vision singulière. Le résultat est à la hauteur des espérances. Respectant scrupuleusement la littéralité du témoignage, les cinéastes, Eyal Sivan et Audrey Maurion, évitent adroitement de tomber dans le piège de l'hermétisme pour donner réellement corps et âme à monsieur B. Aucune polémique sur l'humanisation du mal n'a ici sa place. Il s'agit plutôt d'un travail de compréhension du suivisme politique, qui, en mixant subtilement art, sociologie et politique, donne des clés essentielles pour appréhender la bêtise guidant toute idéologie sécuritaire, de gauche comme de droite.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
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