Synopsis
C'est en 1998 que la photographe new-yorkaise Zana Briski, alors en quête de sujet, s'est installée dans un quartier chaud de Calcutta. Là, elle a commencé à photographier les prostituées, comme pour radiographier leur vie quotidienne. Puis elle s'est rapidement intéressé à leurs enfants. Des enfants souvent livrés à eux-mêmes, confrontés à la violence des rues, et totalement marginalisés par le reste de la société (en effet, aucune école n'accepte de les accueillir en raison du métier de leurs mères). Et comme ces enfants curieux s'intéressaient également beaucoup à elle, et à ses mystérieuses activités, Zana les a pris sous son aile, et a commencé à leur enseigner la photographie. Constatant qu'il se passait quelque chose d'important, la jeune femme se mit à filmer (d'abord seule, puis avec l'aide de Ross Kauffman), cette grande aventure qui allait donner lieu à une exposition, un livre, et, donc, un film. On l'aura compris, ce film est avant toute chose un projet généreux. En effet, ce que cherche activement Zana Briski, c'est à la fois ouvrir ces enfants à eux-mêmes par le biais de l'art, mais aussi, très concrètement, leur ouvrir une issue pour sortir du ghetto. Le premier aspect fonctionne avec une étonnante facilité, mais le seconde sera l'objet d'un rude combat. Z. Briski devra lutter non seulement contre les préjugés à l'encontre des enfants et de son action, mais également contre de rigides traditions familiales. Et la fin illustrera la formule consacrée : quand bien même ça n'aurait servi en sauver qu'un seul, ça valait le coup ! L'avalanche de récompenses attribuées à
Camera kids (Prix du public à Sundance, Oscar du documentaire, etc...) atteste clairement du côté consensuel et imparable de ce film. Des termes qui peuvent en partie sonner comme un reproche (le montage faisant parfois un usage un peu lourd des violonades et autres effets de "dramatisation" du réel, comme lorsque la réalisatrice se met en scène pour mieux illustrer son désarroi et son impuissance), mais qui doivent surtout être entendus comme une qualité, puisque ce documentaire a avant tout une vocation pédagogique et informative. Enfin, il faut signaler qu'au-delà de l'aspect "grande aventure humaine" ou "document sociologique",
Camera kids peut être aussi perçu comme une étonnante réflexion sur la création. En effet, les photos qui nous sont montrées, prises de manière totalement spontanée par des enfants alors que la caméra tourne, révèlent souvent des qualités inattendues, mêlant une fraîche naïveté et un côté "vu de l'intérieur" qui n'est pas si éloigné que ça du travail de Nan Goldin.
© LES FICHES DU CINEMA 2005