La Section Anderson (1967) Pierre Schoendoerffer

Pays de productionFrance
Sortie en France27 mars 2019
Durée67 mn
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Générique technique

RéalisateurPierre Schoendoerffer
ScénaristePierre Schoendoerffer
Société de production O.R.T.F. - Office de Radiodiffusion et Télévision Française
ProducteurJános Balázs
Distributeur d'origine Solaris Distribution (Paris)
Directeur de la photographieDominique Merlin
Ingénieur du sonRaymond Adam

générique artistique

Stuart Whitman(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

1er février 1967. La télé est en noir et blanc - la deuxième chaîne de l’ORTF passera à la couleur huit mois plus tard... Créé le 9 janvier 1959, le magazine Cinq colonnes à la Une, réalisé par Igor Barrère et produit par le trio des Pierre : Lazareff, Dumayet et Desgraupes (qui introduit ici le documentaire), sur un générique de Michel Magne, diffuse ce documentaire de Pierre Schoendoerffer, oscarisé la même année. Fait prisonnier, 14 ans plus tôt, après la chute de Diên-Biên-Phu, ce dernier a vu les Vietnamiens lui confisquer les images qu’il y avait tournées. C’est donc dans une logique de résilience qu’il accomplit le travail exceptionnel, sur la forme comme sur le fond, qu’il nous est aujourd’hui possible de voir. Songeons que le matériel pèse 200 kilos, et qu’il faut suivre les soldats tout en s’en faisant oublier... et admirons, surtout, le travail visionnaire du futur réalisateur du Crabe-Tambour et de L’Honneur d’un capitaine , tant cette heure renferme tout le corpus de ce qu’Hollywood utilisera. Dans ce film tourné pendant six semaines sur la LZ Duz, au plus près des 35 hommes de la Section Anderson (sergent noir qui la commandait) et lors de l’opération Search and destroy, première phase de la guerre menée par les USA, on retrouve la station de radio (Good Morning Vietnam), le vol des hélicos (Apocalypse Now), l’angoisse devant un ennemi invisible (Voyage au bout de l’enfer)... Refusant tout parti pris, tournant de façon brute, laissant les événements se raconter eux-mêmes et n’éludant en rien la présence du Vietcong, sa résistance et ses morts... Pierre Schoedoeffer (ré)invente le film de guerre documentaire tout en mettant et ll’Amérique devant ses deux cauchemars : les Noirs et le Vietnam, comme le souligne Desgraupes, qui relève encore justement : de cette façon "nous avons la sensation de faire l’Histoire que nous avons pour seule vocation de filmer". D’où le deuxième réflexe : se rappeler que ces images "sont" la réalité. Quand Dawson meurt, on ne le reverra pas dans un autre film. Les claquements secs des balles, les voix étouffées par la technique, sont authentiques. On est loin du perfectionnisme névrotique du son des fictions. Respectueux des militaires, le cinéaste s’entend à cadrer les détails qui en font des humains : visages qui se creusent, chevalières, joie d’enfin pouvoir se laver, de recevoir une permission, une lettre, une revue érotique... Faussement redondant, il égrène périodiquement les noms des soldats, les visages en gros plans, et annonce les événements qui vont survenir... pour mieux nous accrocher au récit - comme le fait la série Columbo quand elle nous dévoile à l’avance l’identité du meurtrier ! On admire son sens de la métaphore musicale, notamment avec les tubes de l’époque : When a Man Loves a Woman , qui évoque la frustration sexuelle et renvoie aux bordels de Saïgon, These Boots Are Made for Walkin’ de Nancy Sinatra, qui résonne tel l’appel au devoir d’un pays à ses fils qui pataugent... Et, patauger, ils vont le faire, jusqu’à perdre la sympathie des paysans du Sud, à force de soupçons mutuellement partagés. Doté d’images magnifiquement restaurées, ce pan de notre mémoire cinématographique permet de mesurer à quel point le talent est indémodable, et les guerres éternelles et cruelles.
© LES FICHES DU CINEMA 2019
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Exploitation

Nombre de salles de sortie (Paris)2
Nombre d'entrée première semaine (Paris)950
Nombre d'entrées première semaine (France)950
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