Synopsis
David Bowie au sommet de sa première gloire. Nous sommes en 1973. L'année précédente, le personnage de Ziggy Stardust et l'album le mettant en scène l'ont mis sur orbite. Au cours d'une tournée aussi gigantesque que triomphale, il est allé récolter le succès et la gloire un peu partout. Et le voici de retour à Londres. Entre temps un autre album est sorti ("Aladdin Sane"), qui s'est automatiquement positionné en tête des ventes. Le 3 juillet, devant l'Hammersmith Odeon, se presse une foule d'adorateurs coiffés, habillés et maquillés des divers signes distinctifs de leur idole. Quand Bowie entre en scène, le public hurle. À ce moment il est quasiment seul à savoir qu'à la fin du concert, il annoncera la mort de Ziggy Stardust et la dissolution des Spiders from Mars. Plus tard, ce concert de 73 rentrera dans les annales du rock, sous le nom de code de "retirement gig". Le film immortalisant l'événement, constitue donc un document rock important. Pourtant, s'il fut édité en vidéo dans les années 80, il n'était jamais sorti en salles. À l'occasion du 30e anniversaire du concert, et presque simultanément à la sortie du DVD et du CD de la bande originale, cette erreur est enfin réparée. Derrière la caméra, on retrouve ici un maître du documentaire musical : D. A. Pennebaker (Don't Look Back, Monterey Pop, ou le récent, et hélas encore inédit, Only the Strong Survive). Son traitement est direct et sans chichis. Il laisse le spectacle parler de lui-même, se met à son service, et s'autorise juste quelques incursions en loge, ou de longs et éloquents contrechamps sur les visages, ébahis ou hystériques, des fans du premier rang. Au total, tout en restant discret, le film parvient parfaitement à synthétiser l'esprit du glam-rock. À savoir : quelque chose entre la cérémonie religieuse et le défilé de mode, entre le rock primitif et le rock business, entre la fête et le suicide. Un moment suspendu, où s'entendent encore les échos de la glorieuse épopée des 60's, mais qui préfigure déjà le "décadentisme" punk et la frime 80's. À la tête d'un spectacle qu'il veut total, mêlant rock'n'roll, théâtre japonais, cabaret brechtien, mime, etc., Bowie porte à leur plus haut point d'incandescence toutes les grandes caractéristiques de son personnage : l'androgynie, le charisme, la froideur, le don des métamorphoses...En même temps, on est aussi toujours sur une limite qui peut très vite basculer vers le ridicule (la scène de mime a pris un gros coup de vieux, et, même si le rétro revient, il est dur de ne pas sourire devant les costumes). Mais évidemment, ce qui fait ici toute la différence, c'est la force intemporelle des chansons du Bowie de l'époque.
© LES FICHES DU CINEMA 2003