El Perro negro (2005) Péter Forgács

El Perro negro

Pays de productionPays-Bas ; France ; Finlande ; Suède
Sortie en France15 novembre 2006
Procédé image35 mm - Couleur
Durée84 mn
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Générique technique

RéalisateurPéter Forgács
Coproduction Lumen Film (Amsterdam)
Coproduction VPRO - Vrijzinnig Protestantse Radio Omroep (Hilversum)
Coproduction Arte France Cinéma
Coproduction SVT - Sveriges Television AB
Coproduction YLE - Yleisradio (Helsinki)
Distributeur d'origine NovoCiné (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Péter Forgács poursuit une oeuvre s'appuyant sur des images de cinéastes amateurs et sur leur confrontation aux secousses de l'Histoire. Chute libre (1996) racontait le parcours d'une famille juive hongroise entre 1938 et 1944, filmée par l'un des fils, passionné de cinéma. On retrouve cette fois en Joan Salvans un fils de la bourgeoisie catalane dont les images familiales et les petites mises en scènes sont associées à celles des luttes politiques de la même époque. Ce sont les dernières années de sa vie : il sera assassiné au début de la guerre civile par un anarchiste andalou. Le film s'ouvre sur ce meurtre, évoqué à la manière d'un polar surréaliste, un collage de plans fortement inspiré par les avant-gardes des années 1920 justement (Un chien andalou). Guidé par un commentaire, le récit relate les événements qui mèneront à la guerre. Mais Péter Forgács joue avec les conventions et nous entraîne dans de multiples digressions, fausses pistes, associations d'idées ou constructions purement rythmiques. Il taille dans les plans à coups de ralentis et d'arrêts sur image, et les passe à la grande centrifugeuse de son montage. Les niveaux de récit se télescopent, les couches de matière filmique sont en perpétuelle ébullition. On est déboussolé, pris de vertige, parfois frustré, car les segments s'enchaînent vite, et on aurait parfois aimé en apprendre davantage. L'auteur parvient pourtant à nous plonger dans le climat de l'Espagne révolutionnaire, qu'il réinvente dans un langage purement cinématographique, inventif et exigeant. Il montre les inégalités sociales, l'euphorie du temps des réformes, la radicalisation des positions ou, plus tard, la déroute de l'armée républicaine. À bonne distance du mythe, tout en nuances, Forgács revisite l'Histoire et se focalise sur la spirale de violence qui s'empare du pays. Les images des cinéastes amateurs nous questionnent constamment sur leur origine et leur manipulation. Au moment où "la violence franchit la frontière entre mots et actes" dans le champ politique, la parodie d'exécution filmée par Joan Salvans se retourne contre lui. Un second filmeur le relaye : Ernesto Noriega, un étudiant madrilène, "amateur de belles femmes et de cinéma russe". Ni l'un ni l'autre ne sont véritablement des personnages, plutôt les acteurs involontaires d'un film né de leurs prises de vues, aussi impuissants quant à la narration qui orchestre leur regard que face aux événements historiques qui s'emparent de leur vie. Ernesto s'engage dans une brigade anarchiste avant d'être fait prisonnier puis enrôlé dans les rangs phalangistes, et il filme son quotidien comme un journal de bord. Démobilisé, il met en scène son départ dans un plan chaplinesque, qui sonne désormais faux. L'innocente fantaisie du cinéphile ne parvient plus à enchanter le réel. Il n'y a plus qu'à filmer la foule, bras tendus devant la parade franquiste, et l'on ressent la chape de plomb qui s'abat sur l'Espagne, où les exécutions sont alors loin d'être terminées.
© LES FICHES DU CINEMA 2006
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