Itchkéri Kenti (2006) Florent Marcie

Pays de productionFrance
Sortie en France07 février 2007
Procédé image35 mm - Couleur
Durée145 mn
DistributeurDiaphana pour MK2 (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurFlorent Marcie
Société de production No Man's Land Productions
Distributeur d'origine MK2 Diffusion (Paris)
MonteurFlorent Marcie

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En janvier 1996, les forces armées russes assaillent un village tchétchène où se sont repliés des rebelles, et font des centaines de blessés et de morts. L’événement fut suffisamment terrible pour être répercuté par la télévision, et pour conduire Florent Marcie à partir avec sa caméra vers ce pays à la frontière de l’Europe. Aux habitants qu’il rencontre, il propose une banderole sur laquelle chacun peut dessiner. Tout le monde participe, des enfants aux hommes qui ont pris les armes, et jusqu’au chef rebelle Shamyl Bassaïev. Cette banderole prend peu à peu la forme d’une frise historique déroulant les événements fondateurs de l’identité tchétchène. Y est, par exemple, évoquée la déportation massive d’un tiers de la population tchétchène par Staline, en 1944. Beaucoup n’en sont jamais revenus. La mémoire collective s’est pourtant perpétuée, alimentant la rage du peuple pour s’opposer aujourd’hui au pouvoir prédateur de Moscou. Lors de cette guerre, plutôt que de viser les points habituels de ressources armées et énergétiques, les bombes semblent privilégier la destruction des universités, écoles, bibliothèques et autres lieux où pourrait justement se transmettre la mémoire. Cette stratégie de destruction de tout un peuple, physiquement et historiquement, a pour but principal d’éteindre tout sentiment indépendantiste. Le cinéaste, dans une adhésion romantique à l’esprit de rébellion, accompagne ses images de phrases d’illustres écrivains (Tolstoï, Soljenitsyne), qui se révèlent être d’une étonnante contemporanéité. Marcie a également recours à la mythologie, en évoquant l’esprit fier et rebelle de l’Itchkéri Kenti (littéralement « le fils de l’Itchkérie », nom du pays des Tchétchènes avant sa conquête par les Tsars au XVIIIe siècle) qui nous ramène au Prométhée rebelle puni par les Dieux sur le mont Caucase. Dix ans plus tard, Florent Marcie est revenu sur les images qu’il avait tournées durant cet hiver 1996, pour réaffirmer la réalité historique du drame, toujours d’actualité, et l’extraire de la lecture simpliste (consistant à résumer le conflit à une lutte de pouvoir contre le terrorisme) qu’en donnent l’armée russe et bien trop souvent les médias étrangers. C’est tout le mérite de ce film que de tenter, par son regard engagé, de reconstruire une histoire là où il n’y a plus que ruines. Ce film recrée, en effet, un espace pour la population tchétchène, contrainte à l’exil, en même temps qu’il permet une indispensable sensibilisation de l’opinion internationale. En cela, la durée inaccoutumée de ce documentaire (2h25) se justifie. Et c’est aussi là que le cinéma prend sens, en permettant la diffusion d’un format que les chaînes de télévision, privilégiant les 52 minutes, auront du mal à accepter, même si le film est à l’évidence d’intérêt public.
© LES FICHES DU CINEMA 2007
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