Synopsis
Suivant sans doute l’exemple du collectif Buena Vista Social Club qui avait fait découvrir la musique cubaine au monde entier, un ensemble de groupes tsiganes réunis sous le nom de « Gyspsy Caravan » pour aller faire entendre leur musique aux quatre coins de la planète. Ce film suit leur seconde tournée. Un des buts de
Gypsy Caravan est donc de nous faire découvrir la multiplicité et la variété des origines de la musique rom. Et en effet, entre la Macédonienne Esma Redzepova, l’Espagnol Antonio El Pipa (qui prétend que la musique rom est à l’origine du flamenco), la fanfare Ciocarlia, d’origine roumaine (qui compte Emir Kusturica parmi ses fans), et le groupe Maharaja, originaire du Rajasthan, un chat aurait du mal à y retrouver ses petits ! Le groupe le plus connu de cette fameuse seconde tournée de la « Caravan Tsigane » est Taraf de Haïdouks (« La Bande de brigands »). Leurs concerts procurent un plaisir tout à fait jubilatoire, mêlant tristesse et énergie. Le maître d’oeuvre de ce fameux groupe est Nicolae Neacsu, patriarche âgé de 78 ans, et violoniste très original (qui utilise comme archet une corde cassée de son violon). On assistera, malheureusement, à son enterrement à la fin du film. Ce qui fait la richesse de
Gypsy Caravan et constitue en même temps sa limite, c’est sa volonté de ne pas se contenter de filmer la musique, mais de montrer aussi la vie de ceux qui la jouent, leur rude quotidien dans les petits villages où ils habitent (pour l’exemple, signalons que l’un des musiciens a profité de l’argent gagné pendant la tournée pour amener l’électricité dans le sien !). La réalisatrice nous fait donc découvrir rien moins qu’un monde, une culture, une histoire, et un étonnant panel de personnalités hors normes. En revanche, le revers de la médaille est que les scènes musicales n’interviennent que comme des ponctuations, vite interrompues, ce qui nous frustre d’un certain plaisir. En ce sens on pourra regretter l’approche un peu plus épidermique qu’avait Tony Gatlif dans
Latcho Drom, documentaire qui abordait également l’histoire et la culture du peuple tsigane par le biais de sa musique. Ici l’entremêlement des scènes quotidiennes et des entretiens avec les scènes de concert donne parfois l’impression que Jasmine Dellal a voulu mettre trop de choses dans son film. En revanche, sa démarche est d’une évidente sincérité. D’ailleurs, ce film est le second qu’elle consacre à la culture rom, après
American Gypsy en 1999. À défaut d’être totalement envoûtant, ce documentaire reste extrêmement intéressant. Ainsi, dans son foisonnement, il nous offre quelques anecdotes amusantes (le danseur du groupe Maharaja s’habille en femme pour ses concerts...), nous livre des informations surprenantes (il existe une communauté rom en Inde), et, surtout, nous fait découvrir Ezma Redzepova, qui est une véritable star en Macédoine, mais est encore méconnue en France.
© LES FICHES DU CINEMA 2007