Synopsis
Entre quatre murs gris et sans fenêtres, de jeunes Cambodgiennes cherchent le repos. Rithy Panh ne prend pas en traître : sa mise en scène, jalonnée dès les premiers plans, nous laisse appréhender le sort réservé à ces "mauvaises filles" en terre thaïlandaise. Une ville anonyme, aux sonorités agressives, enveloppant un bâtiment délabré que les prostituées louent à leur "patronne", qui ne manque pas de les endetter. Rithy Panh va redonner un visage à ces femmes, qui, socialement, ne sont que des corps, et dont la seule faute est d’être nées pauvres. Leur vie ? Envoyer de l’argent à une famille qui les a rejetées, encaisser les coups des hommes blancs, lutter constamment, avec le corps et l’esprit, contre la douleur et la culpabilité. Da a entraîné sa petite soeur dans cet univers où l’on vend des jeunes filles vierges afin de pouvoir se nourrir, pour quelques mois seulement. La petite est maintenant atteinte du sida, elle n’a jamais fait le moindre reproche à sa grande soeur. Des Blancs ont prétendu qu’il était possible de faire l’amour sans préservatif grâce à des médicaments contre le sida. Mais Da n’aurait pas de quoi se les payer. Alors elle compte, comme son maquereau, l’argent qu’elle peut rapporter en une passe, en un soir, en un mois, en un an, et puis ce qu’elle a rapporté à sa patronne depuis cinq ans qu’elle est prostituée. "Il faut faire attention aux dépenses, comme les policiers, l’électricité...". L’argent est dans tous les esprits associé à l’idée du bonheur. Les larmes, elles, sont sur toutes les joues. Il y a la mère rejetée par son bébé, il y a celle qui vient d’avorter, ou encore celle qui a trop honte de retourner dans sa ville natale... Les filles établissent le dialogue, beaucoup ont déjà vécu les problèmes des plus jeunes (elles ont entre 19 et 23 ans) : les cocards, les menaces, etc.
© LES FICHES DU CINEMA 2007
