Synopsis
« I am just a dreamer, but you are just a dream » : ces paroles d’une chanson de Neil Young résument assez bien l’état d’esprit dans lequel Marie-Elyse Gbedo, ancienne ministre du Commerce, a présenté sa candidature à l’élection présidentielle béninoise. Nous allons donc suivre la campagne de cette magistrate. De meeting en meeting, il nous sera possible de comprendre les bases de son programme : l’émancipation des femmes, la scolarisation des petites filles, l’accès à la connaissance permettant d’acquérir un meilleur niveau de vie. Et, point important, une meilleure répartition des richesses, pour le moment détenues par 5 à 10% de la population béninoise. Un des éléments les plus récurrents de son discours, est de dire que « la femme est génétiquement en X, et l’homme en Y... ». L’homme ne peut donc vivre sans le support de la femme qui, elle, a deux pieds ! Reste une réalité visible : une grande partie de la population vit dans des bidonvilles, souvent sur le bord des plages, ce qui, évidemment, nuit au tourisme selon le pouvoir dirigeant. Aucune femme, jusqu’à présent, ne s’était présentée aux élections présidentielles dans ce pays : Marie-Elyse Gbedo constitue donc un cas à part. Et pourtant, au début du film, on en vient presque à croire à la possibilité de sa réussite ! Mais, le grand art de la politique est de savoir manipuler son auditoire. Le film prend le temps de décrire les procédures de vote, pour nous apprendre comment fonctionne l’élection en elle-même au Bénin. En revanche, et c’est bien tout le problème, il ne nous éclaire pas suffisamment sur les institutions, le parcours de la candidate, etc. Aussi notre compréhension du film se heurte sans cesse à des questions sans réponse : comment cette candidate finance-t-elle sa campagne ? sur quelles bases peut-on se présenter aux élections présidentielles ? Autre problème : nous n’apprendrons rien sur les autres candidats et leurs programmes (on ne fait que les apercevoir, au détour d’une affiche, ou d’un vague extrait d’interview), ce qui laisse un peu sur la touche le spectateur, peu informé de ce qui se passe au Bénin. Enfin, même d’un point de vue purement humain, on ne sait pas bien comment appréhender Gbedo. On se demande, par exemple, quel est son moteur. Est-ce la soif du pouvoir, l’orgueilleuse volonté d’être la première femme présidente du Bénin ? Ou bien y a-t-il chez elle un engagement réellement sincère ? Toujours est-il que les suffrages ne lui ont finalement donné que 0,38% des voix ! L’auteur de ce film dit avoir voulu montrer « une autre Afrique, où la politique n’est pas nécessairement une affaire de machettes ou de bains de sang ». L’intention est donc noble, et aurait pu placer le film dans la continuité du
Bamako de Sissako. Mais
L’Amazone candidate donne l’impression d’avoir choisi un sujet trop anecdotique, et surtout de l’avoir traité de façon trop confuse pour convaincre véritablement.
© LES FICHES DU CINEMA 2007
Réalisateur