Vingt minutes de bonheur (2006) Oren Nataf, Isabelle Friedmann

Pays de productionFrance
Sortie en France17 septembre 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurOren Nataf
RéalisateurIsabelle Friedmann
ScénaristeOren Nataf
ScénaristeIsabelle Friedmann
Société de production Oxigène Associés (Paris)
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieErnesto Giolitti
MonteurJean-François Elie

générique artistique

Laurent Fontaine(dans son propre rôle)
Pascal Bataille(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Il y avait deux animateurs télé et puis un rideau. Ça se passait au milieu des années 2000, on trouvait ça obscène ou drôle. Débat classique : les uns disaient "Vous faites un spectacle avec la misère des pauvres gens", et les autres plaidaient : "Nous les aidons, nous leur apportons du bonheur". C'était vieux comme Sabatier. Les animateurs s'appelaient Bataille et Fontaine, l'émission «Y'a que la vérité qui compte». À présent, l'émission est arrêtée et les deux animateurs se sont refugiés sur le câble pour s'y refaire une virginité. C'est dans ce contexte que sort, après un long épisode judiciaire assez étrange ayant opposé Bataille & Fontaine à Nataf & Friedman, ce 20 minutes de bonheur. Annoncé tapageusement - c'est de bonne guerre - comme "le film qu'ont voulu faire interdire Bataille et Fontaine", le documentaire est censé être une bombe. On s'attend à un réquisitoire ponctué de mille instants volés plus croustillants les uns que les autres. Eh bien pas du tout. Le film est beaucoup plus fin que ça et le propos beaucoup moins à charge que prévu (c'est d'ailleurs ce qui rend étrange l'épisode du procès). En effet, 20 minutes de bonheur n'est pas de ces documentaires qui pensent faire du Pierre Carles ou du Michael Moore en nous invitant à ricaner pendant une heure et demi entre gens du même monde sur le dos d’une cible facile. Il y a là quelque chose de nettement plus intéressant : un regard qui cherche réellement à comprendre, et qui du coup met le doigt sur des choses plus complexes, plus délicates et finalement plus subversives. En effet, le film ne nous aurait offert qu'une indignation finalement rassurante s'il nous avait présenté les caricatures que l'on attendait : deux débiles à la tête d’un barnum obscène où on traite les dossiers de la misère humaine entre deux lignes de coke. Là, nous aurions clairement vu deux salauds, le mal aurait été circonscrit, tout aurait été bien. Au lieu de ça, Nataf et Friedman nous présentent simplement deux chefs d'entreprise "réalistes", plutôt intelligents et pas forcément méchants, mais totalement complices du système. Deux types, en somme, qui ont choisi de faire leur place dans le système tel qu’il est, mais qui auraient peut-être pu tout autant faire des choses bien si ça avait été à la mode. En cela, le documentaire ne se contente pas de dire : "la télé-réalité est obscène" ou "TF1 vend du temps de cerveau disponible, c'est horrible". Il montre plutôt comment la logique libérale se consolide par les mécanismes de l'autocensure, par l'abdication devant de faux principes de réalité, par une suite de petites compromissions dont on s'absout par des alibis de type "si ça n'est pas moi c'est un autre qui le fera" ou "ça n'est pas moi qui le veux, c'est le public qui le réclame", etc. En pointant cela, et en ne cédant à aucune forme de manichéisme (puisqu'il ne s'agit ni d'un réquisitoire contre ni d'un plaidoyer pour), le film parvient à toucher un profond point de blocage de notre époque.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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