Le Cercle des noyés (2006) Pierre-Yves Vandeweerd

Le Cercle des noyés

Pays de productionBelgique
Sortie en France02 mai 2007
Procédé image35 mm - Couleur
Durée71 mn
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Générique technique

RéalisateurPierre-Yves Vandeweerd
Auteur du commentaireBâ Fara
Auteur du commentairePierre-Yves Vandeweerd
Société de production Cobra Films (Bruxelles)
Société de production Zeugma Films (Paris)
ProducteurAnne Deligne
ProducteurDaniel de Valck
ProducteurMichel David
Distributeur d'origine Zeugma Films (Paris)
Directeur de la photographiePierre-Yves Vandeweerd
Ingénieur du sonAlain Cabaux
MixeurPaul Delvoie
MixeurAlain Cabaux
MonteurPhilippe Boucq
RégisseurOumar Bâ

générique artistique

Bâ Fara(le narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Le « Cercle des noyés » est le nom donné aux détenus politiques noirs de Mauritanie. Dans les années 1980, ils avaient participé à l’émergence des FLAM (Forces de Libération Africaine de Mauritanie), mouvement de dénonciation et de revendication visant à faire respecter les droits politiques et culturels des populations noires. Une folie aux yeux du président Ould Taya qui dirigeait alors le pays et avait érigé le racisme en système de gouvernance. À partir de 1986 et jusqu’en 1991, les membres des FLAM ont été systématiquement arrêtés, torturés et enfermés dans l’ancien fort colonial d’Oualata, au fin fond du désert, à des kilomètres de toute forme de civilisation. L’expression est à prendre au propre comme au figuré. Avec dignité et audace, retenue et inventivité, ce film sélectionné au festival de Berlin 2007, revient sur ces pages sombres de l’histoire mauritanienne. Le réalisateur belge Pierre-Yves Vandeweerd, familier de la Mauritanie (il a notamment signé Némadis, des années sans nouvelles en 2000), privilégie une approche distanciée, respectueuse, dont la rigueur formelle flirte, il est vrai, avec l’esthétisation. S’affranchissant des codes habituels du reportage-documentaire (le commentaire et l’interview), il ose le silence et le témoignage brut. Il ne filme que très rarement les hommes, et encore moins les visages, à part ceux des absents, dont il fixe le souvenir dans une série de portraits photographiques, égrenés dans un silence glaçant. Tout au long du film, Vandeweerd opte pour de longs plans fixes du fort, des routes, du désert... bref, des lieux mêmes de « l’action ». Des lieux dépouillés, nus, comme à jamais inhabitables, comme à jamais hantés par l’enfer qu’ils ont abrité (c’est-à-dire l’enfer qu’ils ont permis). Les images offrent ainsi un contrepoint habile, parfois illustratif, toujours inattendu, aux témoignages des familles et aux paroles de Bâ Fara. Cet ancien détenu évoque, en off, d’une voix blanche, les souvenirs, les détails, les sensations de son séjour au fort. Il raconte les combats perdus d’avance. Il convoque la mémoire de ses camarades codétenus, anéantis par la torture, la dysenterie, l’absence de soins. La rencontre entre ce texte sec et les images froides de Vandeweerd confère au film un pouvoir d’évocation bouleversant. Le Cercle des noyés échappe alors à sa dimension purement historique et militante, inextricablement liée à un pan de l’histoire mauritanienne, pour s’ouvrir à un universel de la lutte et de la répression. Malgré l’austérité radicale de sa démarche - accentuée par l’emploi du Noir & Blanc -, ce documentaire apparaît comme un film percutant et nécessaire, un ultime rempart artistique contre toute forme de barbarie politique.
© LES FICHES DU CINEMA 2007
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