Synopsis
Imaginez le chanteur Bono et son groupe mythique U2 se produisant sur scène rien que pour vous, à portée d’yeux, de mains et d’oreilles, avec l’ampleur d’un concert phénoménal brassant anciens tubes et titres moins connus, chargé de l’énergie électrique qu’on leur connaît. Sauf que vous êtes assis tranquillement dans la salle obscure d’un cinéma, loin de la foule en délire, de la chaleur suffocante, de la proximité oppressante des autres fans qui se marchent sur les pieds, qui transpirent à grosses gouttes dès la première chanson et qui hurlent à deux centimètres de vos tympans des cris d’adulation hystériques. Vous portez des lunettes spéciales 3D prêtées à l’entrée et, scotché à votre fauteuil, vous regardez, hébété, Bono venir à vous, tout de noir et de jean vêtu, lunettes teintées et cheveux ramenés en arrière, le micro empoigné avec une détermination enviable, propre à la rock star que vous ne serez jamais. Non, vous ne rêvez pas, vous êtes juste en train d’assister à une projection numérique en relief, c’est-à-dire que vous avez l’impression d’être au concert, de faire partie des privilégiés qui pourront dire un jour à leurs petits-enfants : "j’y étais". Mais en réalité, vous ne vivez que la moitié de la puissance d’un live. Car un concert ne se réduit pas à la prestation scénique des musiciens : cela englobe ausi l’énergie du public, sa réceptivité et sa générosité. Et ça, vous le savez aussi, mais tant pis, vous vous laissez aller... «Sunday Bloody Sunday», «With or Without You», «Beautiful Day», «One»... les titres s’enchaînent et vous collent des frissons, réveillent les souvenirs de boums adolescentes. L’immersion dans le show est immédiate et puissante. Bono, en grande forme, arpente la scène se prolongeant en podium au milieu des spectateurs en transe, sautant sur place dans un rythme partagé, comme une onde se propageant de corps en corps dans la marée humaine remplissant le stade. C’est indéniable, Bono est une bête de scène, un showman accompli, il crée avec son public un lien évident et intense. Et ni les projections vidéos géantes, ni les lumières balayant la scène et la foule à l’envi, rien de cette débauche de technologie ne vient entacher la force évidente de la musique, l’engagement des paroles, l’émotion palpable des fans. Tourné pendant sept des concerts du "Vertigo Tour" et dans cinq pays différents (Argentine, Brésil, Chine, Australie et Mexique), cette captation hors norme se présente comme une entité unique, un seul et même concert mémorable mis à la portée de tous grâce aux réalisateurs Catherine Owens et Mark Pellington. Présenté hors compétition en séance de minuit au festival de Cannes 2007, le film a été l’occasion pour le groupe d’offrir un mini concert en haut des marches du palais des festivals. U2 est loin d’avoir dit son dernier mot. Dans la pénombre de la salle de cinéma, on se surprend à se croire au concert, à battre du pied la mesure, à vibrer. Une autre façon de vivre le rock et le cinéma.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
Réalisateur