Synopsis
Le 2 février 2007 est lancée l’impression du quinzième tome de la série
Largo Winch,
Les 3 yeux du gardien du Tao. Dix-huit mois plus tôt, Jean Van Hamme élabore le récit de ce nouvel opus. Quel parcours va devoir suivre cette idée pour passer de l’esprit de l’illustre scénariste jusqu’à l’objet BD qui sera entre les mains du lecteur ? Yves Legrain Crist tente de décrire à travers ce film toutes les étapes de la fabrication de la BD, en nous montrant à l’oeuvre Jean Van Hamme et le dessinateur Francq. Le réalisateur opte pour une construction classique : il interroge les auteurs, les filme au travail ou en repérages. À Saint-Tropez, Francq prend des photos pour préparer une scène de poursuite. Puis, à Hong-Kong, avec Jean Van Hamme, il s’inspire de l’architecture des lieux. Le scénariste s’imprègne aussi de l’atmosphère pour apporter à son récit une touche de réalisme. Pour eux, « le décor naturel donne la crédibilité aux actions des personnages ». La représentation de cette approche traditionnelle de la BD, où les auteurs recherchent l’authenticité, est la partie la plus intéressante de
Largo. En effet, ces méthodes de travail sont plutôt méconnues des lecteurs, qui imaginent plus facilement les auteurs derrière leur bureau. Cette étape n’est pas pour autant occultée. Dans son bureau, Van Hamme explique ses tâtonnements. Il veut rendre Largo plus attachant et le faire perdre à la fin du tome... mais comment ? Legrain Crist illustre ce que raconte le scénariste par des planches de BD montées avec rythme (notamment pour les scènes d’action). Une fois le scénario terminé, fin 2005, Francq donne vie aux personnages avec son tracé méticuleux. De mars à octobre 2006, le dessinateur est isolé dans son atelier. Il y explique à Legrain Crist comment il construit une planche, pour que la mise en page soit compréhensible et agréable à l’oeil, et comment il recherche chaque personnage à l’aide de calques. Puis le coloriste intervient à la dernière étape. Largo propose en fait une approche très technique, sans aucune réelle réflexion sur l’art de la BD. Il nous est juste expliqué au détour d’une discussion que la BD est « la gestion de ce qu’il y a entre les cases », sans que cette définition ne soit développée pour les spectateurs néophytes. Plus que du documentaire, ce film relève finalement de l’honnête making of, aussi par les sujets qu’il aborde, par son esthétique basique ou sa musique. N’aurait-il donc pas été plus judicieux de le proposer directement en DVD aux acheteurs de la BD (ce que l’éditeur de la série, Dupuis, propose depuis, dans une réédition des
3 yeux...) ? Pour construire un projet plus ambitieux, justifiant davantage une distribution au cinéma, Legrain Crist aurait pu décortiquer le phénomène «Largo Winch», série best-seller depuis quinze ans, qui sera adaptée sur grand écran fin 2008. Il aurait aussi pu mieux analyser les méthodes de travail de Van Hamme, l’un des auteurs les plus prolifiques de la BD francophone...
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