Sub (2007) Julien Loustau

Pays de productionFrance
Sortie en France09 janvier 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée46 mn
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Générique technique

RéalisateurJulien Loustau
Distributeur d'origine Pointligneplan (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Nous sommes en avril 2005, à la station scientifique de Vostok, isolée dans l’Antarctique Est. Il fait nuit noire. À l’écran, on ne distingue quasiment rien. Seul le point lumineux d’un faisceau balaye un paysage spectral. On se croirait dans un film de David Lynch, le cercle de lumière se métamorphosant dans notre imaginaire de spectateur en projecteur de cinéma, poursuite de scène ou encore phare de voiture découvrant l’inconnu d’un espace désertique. Pourtant, on est loin de la fiction. La voix off énonce un discours scientifique qui, dans sa conclusion, relève également de la géopolitique. Les données sont précises, chiffrées, méthodiquement délivrées sur un ton posé, monocorde, au rythme lent et fluide, à des années lumière de toute intonation didactique ou pédagogique. Une grande marge est laissée à une nappe de sonorités électroniques proches des ultra sons, ou à de la musique concrète. L’alternance tranquille entre voix off et silences invite à la méditation. L’utilisation du conditionnel présent place les informations délivrées sur le plan de l’hypothèse scientifique autant que du potentiel onirique, de l’utopie science-fictionnelle ou de l’exploration imaginaire. On apprend que la seule technologie qui pourrait permettre d’atteindre le lac souterrain de Vostok serait le cryobot, une sonde conçue par la NASA pour l’exploration d’océans subglaciaires sur Mars. Mais la voix off passe, tout à coup, de l’hypothèse scientifique au présent descriptif et futuriste. Le fameux cryobot devient réalité par le biais de la voix qui nous guide, et nous entraîne dans un voyage auditif au plus profond de la calotte glaciaire. Cette immersion détaillée, commentée au plus près de l’expérience topographique, "comme si on y était"et "comme si c’était vrai", décolle imperceptiblement de son apparence documentaire, et se meut en insondable mystère, en vertige métaphysique, en odyssée spatiale "kubrickienne". La dimension aquatique et l’environnement sous-marin se dissolvent dans une cosmogonie interstellaire. Le jargon technique devient poésie. La géographie vire à l’espace mental. D’autant plus qu’à l’écran, l’image est toujours aussi peu lisible à l’oeil nu. Une chose semble sûre cependant : le mouvement des images n’est pas vertical et descendant, donc pas en rapport direct avec le discours. C’est un travelling horizontal et continu, le long d’un paysage. La réponse arrive à la fin : la caméra longe les berges du fleuve Yangtzé, dans les vallées noyées par le barrage des Trois Gorges, le plus grand projet hydroélectrique du monde. Ainsi, l’image et le son mettent en perspective deux espaces géographiques et deux temporalités distinctes. Entre documentaire scientifique et cinéma expérimental, les plans atteignent les rives de l’abstraction plastique. Les éléments physiques et les données chimiques réveillent une poétique de la matière. Sub signe donc la réconciliation de la science avec la poésie.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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