Synopsis
Amateurs de sensations fortes, préparez-vous au pire : Les Seigneurs de la mer ne montre pas de violentes attaques comme dans Les Dents de la mer, mais... un jeune plongeur câlinant de gros requins ! Le Canadien Rob Stewart, passionné dès son enfance par les requins, a réussi, après être devenu photographe sous-marin, à gagner leur confiance et à nager auprès d’eux. C’est en découvrant l’ampleur et la cruauté du «shark finning»qu’il a décidé, à 22 ans, de dédier un film à ceux qui sont injustement considérés comme des «mangeurs d’hommes". Le «shark finning»consiste à pêcher les requins uniquement pour leurs ailerons : les animaux agonisants sont rejetés à la mer, tandis que les ailerons sont exportés, notamment vers la Chine, qui en est très friande. Cette pratique est interdite dans de nombreux pays. Afin de lutter contre le braconnage, le Costa Rica a invité l’équipage du «Sea Shepherd», dirigé par l’incroyable Paul Watson (ancien cofondateur de Greenpeace), un justicier des mers moderne. Rob Stewart les a accompagnés sur les eaux du Costa Rica, où il a filmé leur assaut sur un petit bateau de pêche illégal. À leurs dépends, Paul Watson et ses compères découvrent bientôt la puissance des mafias asiatiques, les rouages du pouvoir et de la corruption... et se retrouvent eux-mêmes poursuivis par la justice, alors qu’ils étaient les invités du gouvernement ! Les Seigneurs de la mer ne se regarde pas comme un quelconque documentaire animalier : Rob Stewart met en place une trame narrative efficace, et mêle à ses magnifiques images sous-marines de l’action, une enquête et du suspense. Il n’hésite pas à aller chez les mafieux taïwanais du Costa Rica, où il filme à la sauvette des ailerons séchant sur les toits. Les scènes de poursuites en bateau sont également impressionnantes. L’engagement, la passion et l’énergie du jeune réalisateur permettent ainsi d’oublier assez facilement les maladresses de sa réalisation. Car pour Rob Stewart, qui s’inspire de Michael Moore tout en jouant avec son physique de surfeur californien, tous les moyens sont bons pour convaincre le grand public ! Comme le maître de l’agit-prop, il n’hésite pas à user de comparaisons choc (les requins tuent 5 personnes par an, les éléphants 100, et la malnutrition... 8 millions !) ou d’effets de montage un peu manipulateurs. Mais ce sont surtout les interviews de biologistes qui convainquent. Ils nous alarment sur le sort des requins, qui, après avoir survécu à cinq grandes menaces d’extinctions, sont aujourd’hui une espèce en voie de disparition. Contrairement à l’image que véhiculent les médias, les requins attaquent très rarement les humains, terrorisés par leur présence : ils ont plutôt tendance à fuir leur contact. Mais, à cause du cliché ancré dans l’inconscient collectif, les hommes se mobilisent moins pour eux que pour les pandas ! Or, les requins, par leur statut de «superprédateurs", sont essentiels à l’écosystème marin et donc nécessaires à l’équilibre de la planète...
© LES FICHES DU CINEMA 2008