Münster lands (2007) Valérie Jouve

Pays de productionFrance
Sortie en France05 mars 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée43 mn
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Générique technique

RéalisateurValérie Jouve
Distributeur d'origine Pointligneplan (Paris)

générique artistique

Michèle Berson
Fadila Tatah
Andreas Zange
Rabah Zeboudji

Bibliographie

Synopsis

Si son nom ne dit rien même aux cinéphiles pointus et autres adeptes d’expérimentations cinématographiques marginales, c’est normal. Avant de passer derrière la caméra, Valérie Jouve avait l’oeil derrière son appareil photo. Mais du cliché photographique à son dérivé filmique, il n’y a qu’un pas - tentant - à franchir. Alors comme certains de ses confrères, Valérie Jouve l’a fait. Et ce n’est pas un hasard. À regarder ses deux propositions filmiques (car peut-on les appeler films tant ils fonctionnent sur le mode photographique, tant ils sont en dehors des sentiers battus narratifs) que sont Münster Lands et Time Is Working Around Rotterdam, on comprend cette attraction du cinéma, ce passage de l’instantané capté à la mobilité du plan, du temps figé à «l’image-mouvement». On comprend ce prolongement naturel et dans le même temps, on ne le comprend pas. On se dit que, justement, la captation du mouvement constitue le défi photographique en lui-même et qu’il n’est nul besoin d’aller expérimenter ailleurs, à moins que la recherche se double d’une intention autre, essentielle, justifiant le support cinéma. C’est l’éternelle question de la forme et du fond, une question de relations. Puisque Valérie Jouve s’inscrit de manière évidente dans une démarche d’ordre artistique, cette question-là est primordiale. Elle recoupe également la question de la relation de l’artiste à son sujet et, dans un deuxième temps, de l’oeuvre à son public. Or, dans le cas de ces deux films, la communication est brouillée. Bien sûr, il ne s’agit pas de prôner une compréhension immédiate, de plaider en faveur d’un cinéma prémâché, prédigéré, prêt à être consommé sans difficulté, avec investissement d’attention et mobilisation de cerveau minimum. Mais une oeuvre se doit de rester un tant soit peu accessible, d’offrir des points d’accroches, de s’adresser à un public. En ce sens, les films de Valérie Jouve laissent perplexe. Et quand bien même l’image est magnifiquement traitée - il est vrai qu’elle épouse à merveille les vibrations de la lumière naturelle tout en relevant certaines touches de couleur avec un sens presque musical (chaque plan semble être une composition harmonieuse entre couleurs toniques, dominantes et médiantes) - cela ne suffit pas à faire un film. Les trajectoires de silhouettes anonymes et silencieuses qui se croisent dans le tissu urbain et périphérique de Münster Lands ne tracent aucune route que l’on ait envie de suivre : elles nous abandonnent dans leur errance stérile. Les voitures et camions défilent, les péniches glissent, un homme, sac au dos et sac en plastique à la main, ramasse les bouteilles de verre vides jalonnant son vagabondage, une femme descend d’un train et emprunte des chemins de traverse, une autre sort d’une voiture et arpente un paysage automnal ... Tous semblent converger vers la ville de Münster (en Allemagne), tandis que nous, spectateurs lassés de tourner en rond sans être pris en considération, nous divergeons.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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