Synopsis
Couleurs d’orchestre est le nouveau documentaire de Marie-Claude Treilhou. Après avoir signé toute une série de fictions, essentiellement dans les années 1980 (
Simone Barbès ou la vertu en 1981,
L’Âne qui a bu la lune en 1986,
Le Jour des rois en 1990 et
Un petit cas de conscience en 2002), la cinéaste s’est, en effet, attachée à la musique classique depuis le début des années 2000. Après
En cours de musique, elle s’était fait remarquer avec
Les Métamorphoses du choeur, en 2004. Ces deux films osaient déjà, courageusement, le format de long métrage. Courageusement, car ce n’est un secret pour personne qu’en France l’industrie musicale va mal, et cela est encore plus vrai pour la musique classique... Si l’on ajoute à cela que cette radio unique au monde qu’est "France Musique" a, au mieux, 400 000 "fidèles" auditeurs, on comprendra que
Couleurs d’orchestre n’a pas vocation à être un blockbuster ! Et pourtant, sans jamais être pesamment didactique, le film s’adresse à un public beaucoup plus large que celui des mélomanes purs et durs. En nous faisant entrer dans l’intimité de l’Orchestre de Paris, le film nous fait découvrir le fonctionnement et l’environnement administratif d’un grand orchestre symphonique, ainsi que ses réactions face à des chefs d’orchestre aussi différents que Christophe Eschenbach ou Roberto Abbado (à ne pas confondre avec son oncle Claudio). Le film s’ouvre sur une audition de candidats violoncellistes, et se termine par une autre audition. Entretemps, on aura assisté à la déception d’une jeune violoniste, que le jury essaie de consoler. Mais le fil conducteur de ce documentaire est la direction technique de l’orchestre, dont on ne soupçonne pas l’importance, et dont les réunions nous sont montrées parallèlement aux scènes de la vie des musiciens. Il faut se préoccuper du planning, de l’acheminement des instruments, et, dans le cas présent, des bagages égarés du chef d’orchestre invité : Abbado, qui a perdu sa baguette et ses verres de contact ! On fait d’autres découvertes au cours du film : le premier violon fait des répétitions avec son groupe, les percussions font trop de bruit, quant aux cuivres, ils sont déplacés car leur son perturbe les violonistes ! Le chef des violoncellistes les fait répéter sur un seul rang : spectacle surprenant qui montre avec précision la technique des musiciens qui numérotent leur partition, ce qui leur permet de donner simplement un chiffre lors des répétitions. Cerise sur le gâteau, on découvre un pianiste tout à fait étonnant : Tzimon Barto. Bien qu’il ait un physique proche de celui de Stallone ou de Schwarzenegger, l’artiste fait preuve d’une merveilleuse finesse de touche. Enfin, bien sûr, il y a la musique : deux morceaux classiques, et même une création, avec la composition d’Édith Canat de Chizy. Tout cela constitue au total un programme aussi instructif que réjouissant. C.R.
© LES FICHES DU CINEMA 2008