Lou Reed's Berlin (2007) Julian Schnabel

Berlin

Pays de productionEtats-Unis ; Canada
Sortie en France26 mars 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn
DistributeurARP Sélection (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurJulian Schnabel
Distributeur d'origine ARP Sélection (Paris)

générique artistique

Lou Reed

Bibliographie

Synopsis

En 1972, Lou Reed avait le vent en poupe. Il venait de sortir le plus grand tube de toute sa carrière ("Walk on the Wild Side"), et à ce titre pouvait se permettre d’être ambitieux. C’est ce qu’il fit en se lançant dans l’écriture de l’album concept "Berlin", sorte de roman-rock contant les amours tragiques de Caroline et Jim, deux amants déglingués dans le Berlin divisé d’alors. L’écriture était sèche et directe, mais contrebalancée par le lyrisme des luxueux arrangements conçus par le producteur Bob Ezrin, et le résultat devait devenir plus tard l’un des grands classiques du rock. Mais en attendant, au moment de sa sortie, en 1973, ce fut juste un échec absolument retentissant. Du coup, l’enthousiasme investi dans le projet retomba net, emportant avec lui toute velléité de présenter l’album sur scène. Voilà pour expliquer la dimension événementielle des concerts que donna Lou Reed en 2006 (à l’intiative, notamment, de Julian Schnabel), et où, enfin, il joua "Berlin" en live. Toutefois, si le projet est excitant, on pouvait craindre qu’il ne le soit que sur le papier. En effet, durant les années 1990, on a déjà souvent pu assister à de grands shows nostalgiques, où les survivants des années 1970 revenaient avec des dégaines d’experts-comptables chanter le sexe, la drogue et le rock’n’roll comme au bon vieux temps. Souvent (et y compris dans le cas de la reformation du Velvet Underground) ces événements avaient quelque chose d’assez artificiel et désincarné. Ici, divine surprise, c’est différent. En effet, bien que l’idée de ces concerts ne soit pas venue de Lou Reed lui-même, on a le net sentiment qu’il s’agit de bien autre chose qu’une simple exhibition destinée à faire frissonner les jeunes ou vieux nostalgiques. La totale sincérité de la démarche s’impose d’emblée, et, avec elle, l’intensité, l’émotion. Il se passe quelque chose. Lou Reed, qui est pourtant une peau de vache certifiée authentique, laisse même voir ici ou là un début de rictus de satisfaction. Puis, il se lance dans une étonnante interprétation de «Caroline Says II», avec la voix qui s’ébrèche et les yeux humectés. Amateur de bonne grosse émotion, Schnabel va traquer (en vain) la sortie de la larme, à coups de zoom. Pour la finesse on repassera, mais après tout, même si c’est pour aller lui gratter l’oeil, au moins il filme le visage de Lou Reed. Et c’est cela qui est important. En effet, l’intensité émotionnelle de ce film (qui, sous ses allures de captation basique, est porté par des choix de réalisation assez judicieux) vient en grande partie du sentiment d’intimité qu’il dégage. Le public n’est presque jamais montré (mais on sent fortement sa présence), la caméra est toujours au plus proche des musiciens, la scène a l’air petite : on est dans une proximité qui permet d’entrer pleinement dans ce qui ressemble fort à un moment de grâce. Et, dès lors, qu’importe si les projections vidéo conçues par Schnabel (également scénographe du concert) sont si ternes et si mièvres...
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