Les Hommes (2006) Ariane Michel

Pays de productionFrance
Sortie en France11 juin 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée95 mn
DistributeurShellac (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurAriane Michel
Société de production Love Streams agnès b. Productions (Paris)
Producteur exécutifAriane Michel
Producteur exécutifFrançois-Xavier Frantz
Producteur exécutifCharles-Marie Anthonioz
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Ingénieur du sonFerdinand Bouchara
MixeurLaurent Chassaigne
MonteurAriane Michel

générique artistique

Claus Andreasen
Olivier Gilg
Renaud Scheifler
Christian Schwoerer
Nicolas de La Brosse
Kaj Kempp
Rodger Moore
Don Robertson
Jean-Pierre Wiest

Bibliographie

Synopsis

Il faut bien dire ce qui est : Les Hommes est probablement le film le plus ennuyeux qui ait été diffusé dans une salle de cinéma depuis Five de Kiarostami. Et cependant, c’est aussi un film plein de qualités (notamment plastiques), et sans doute une réussite par rapport à son projet de départ. En effet, de quoi s’agit-il ? De nature. De longs plans d’une nature presque vierge (celle du Groenland), peuplée de quelques animaux, et au sein de laquelle des hommes manifestent ponctuellement une présence intrusive. Prenant à rebours le dispositif traditionnel du documentaire scientifique, Ariane Michel s’emploie à filmer les hommes du point de vue de la nature et non l’inverse. C’est donc l’eau, la glace, la terre, les bêtes, le silence, et le très lent rythme de vie de ces éléments, qu’elle filme en une étrange forme de caméra subjective, et en leur donnant une sorte de présence physique, grâce à des mouvements de caméra hypnotiques et à un mixage qui distord quelque peu le réalisme des bruits. Tout cela développe un certain pouvoir de fascination. Mais une fascination qu’aucune piste intellectuelle ou aucune sensualité véritable ne vient rendre réellement intense et vivante. Faute de trouver un point d’accroche, on se laisse donc glisser le long de cette surface brillante et impénétrable. Faute d’une excitation, on s’alanguit dans cette atmosphère étrange, et on s’enfonce dans la somnolence, éventuellement avec un certain plaisir. Au bout d’une heure et quart de silence, quelques paroles inattendues surgissent. C’est un scientifique, qui parle de ce phénomène troublant : dans certaines parties du globe, à certaines époques de la préhistoire, l’humanité a disparu. Soit en s’éteignant, ne parvenant pas à faire face à des bouleversements climatiques ou des pénuries de ressources, soit en migrant. Ce sont bien sûr ces endroits-là que nous avons longuement visités. Voici la clé. Mais n’est-il pas déjà un peu tard ? Au bout du compte, la valeur artistique des Hommes n’est pas à mettre en cause. En revanche, tout le problème consiste à savoir où un objet aussi étrange peut trouver sa place, où il peut devenir accessible. Dans une salle normale, et dans le cadre d’une sortie normale, on en doute. En effet, hormis des amoureux à la recherche d’un abri pour aller s’embrasser dans le noir sans être déconcentrés, on ne voit pas bien qui pourrait bien avoir l’idée saugrenue de payer une place de cinéma pour aller se confronter à cette radicale approche du vide. Depuis plusieurs années, beaucoup de films sont «à la limite» : limite du documentaire télé, limite de l’expérimental, limite du film de musée. Les Hommes, lui, franchit carrément la limite. On ne sait pas exactement ce que c’est, mais on sent qu’il n’est pas chez lui sur un écran de cinéma. On souhaiterait le voir ailleurs, autrement mis en valeur, mieux accompagné. Et aussi (surtout, sans doute), on souhaiterait pouvoir ne pas se sentir obligé de le regarder intégralement et linéairement comme un film narratif.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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