Synopsis
10 mars 1977, dans la villa de Jack Nicholson à Los Angeles. Roman Polanski, 44 ans, effectue une session photo, pour le compte de l’édition française de «Vogue», avec Samantha Geimer, 13 ans. Peu de temps après, le réalisateur franco-polonais est accusé d’avoir abusé de la fillette. Les chefs d’accusation sont glaçants. Le feuilleton judiciaire qui va suivre durera près d’un an. Entre faits avérés et rumeurs, l’enquête va, dans un premier temps, piétiner. Le juge californien en charge de l’affaire, Laurence J. Rittenband, va prendre goût à la dimension médiatique de l’affaire et se montrer progressivement de plus en plus intraitable. De négociations en coups bas, Polanski, qui avait donné son accord pour plaider coupable au chef d’acccusation de détournement de mineur, puis pour passer un examen psychiatrique, finit par se heurter au caractère irascible du juge, bien décidé à lui faire payer le prix fort, malgré la volonté d’apaisement des avocats des deux parties. Le 1er février 1978, Polanski prend l’avion à Los Angeles. Destination finale : Paris. Considéré en fuite par la justice américaine, il ne peut être extradé, en vertu des accords limités d’extradition existant entre la France et les États-Unis. En s’attaquant à l’»autre»affaire qui bouleversa la carrière de R. Polanski, la réalisatrice Marina Zenovich s’imaginait bien que la partie ne serait pas facile. D’abord parce qu’aux yeux de la justice américaine, l’affaire est toujours en cours. Ensuite (et surtout) parce que le principal intéressé, Polanski lui-même, a refusé de participer au projet. Pourtant, son absence parmi les intervenants donne une construction intéressante à un film qui, à défaut d’être totalement objectif, ne se fait jamais passer pour ce qu’il ne peut pas être. Polanski intervient exclusivement par l’intermédiaire d’archives - fascinantes interviews d’époque, images de tournage, infos télévisées - judicieusement sélectionnées, et qui constituent l’intérêt majeur de ce Wanted and Desired. Pour les cinéphiles, c’est ainsi l’occasion de revoir des images rares des tournages du Bal des vampires ou de Rosemary’s Baby. Mais pour le reste, le film s’en tient à une forme documentaire très classique. Zenovich se livre à un éloge de l’illustre absent, en retraçant le parcours de Polanski et en resituant les événements dans leur contexte (l’atroce assassinat de Sharon Tate par Charles Manson, le comportement autodestructeur du veuf, son goût pour les jeunes femmes). Tout cela est assez passionnant, mais le film s’embourbe ensuite dans un fastidieux défilé d’interviews des intervenants judiciaires (avocat, procureur, policiers, et même Samantha Geimer)... Tous mettent en cause la personnalité du juge Rittenband, qui se serait acharné sur Polanski parce qu’il le considérait comme un étranger subversif... Faute de pouvoir lui donner un droit de réponse (l’homme est mort en 1993), l’oeuvre est handicapée par son absence encore plus que par celle de Polanski. Car, du coup, elle semble en faire un peu facilement le bouc émissaire de cette sordide affaire.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
