Langue sacrée, langue parlée (2007) Nurith Aviv

Pays de productionFrance
Sortie en France04 juin 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée73 mn
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Générique technique

RéalisateurNurith Aviv
DialoguisteItay Marom
Coproduction Les Films d'Ici (Paris)
Coproduction Velvet Productions
Coproduction KTO TV
Coproduction Channel 8 (Tel Aviv)
Directeur de productionAnnick Colomes
Directeur de productionFlorence Gilles
Distributeur d'origine Les Films d'Ici (Paris)
Directeur de la photographieNurith Aviv
Ingénieur du sonTuli Chen
MixeurDominique Vieillard
Compositeur de la musique originaleMartin Wheeler
MonteurAsaf Korman
MonteurMichal Bentovim

générique artistique

Haïm Gouri(dans son propre rôle)
Michal Govrin(dans son propre rôle)
Victoria Hanna(dans son propre rôle)
Ronit Matalon(dans son propre rôle)
Roy Greenwald(dans son propre rôle)
Etgar Keret(dans son propre rôle)
Yitzhak Laor(dans son propre rôle)
Shimon Adaf(dans son propre rôle)
Haviva Pedaya(dans son propre rôle)
Yehuda Ovadaya-Fetaya(dans son propre rôle)
Zali Gurevitch(dans son propre rôle)
Michal Naaman(dans son propre rôle)
Orly Castel-Bloom(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Variations, digressions, réflexions, paradoxes autour de l’hébreu (cette langue «congelée pendant deux mille ans puis décongelée», selon la formule de l’écrivain Etgar Keret), le propos de Nurith Aviv était ambitieux : interroger des artistes israéliens sur leur rapport à la langue revendiquée par le sionisme et devenue la langue nationale d’Israël dès sa création, langue de la religion, de la tradition, langue sacrée pour les Juifs de la diaspora. À la cinquante-septième minute du film, l’artiste-peintre Michal Naaman nous en donne la clé : parlant d’Israël, elle évoque «ce bizarre mélange d’attachement intime au lieu et d’étrangèreté [sic] absolue» qui la fascine et lui plaît. Puis elle ajoute que «ce mélange se retrouve dans notre rapport à la langue, langue qui nous est parvenue non comme un legs direct mais comme un document fragmenté dont des morceaux ont disparu». Avant que le générique apparaisse sur l’écran, on a la surprise de découvrir des images tournées en 1897 (l’année du congrès sioniste de Bâle) à bord du train Jérusalem-Jaffa par Alexander Promio, envoyé en terre sainte par les frères Lumière. Et ce sont des paysages filmés à bord du train Jérusalem-Tel-Aviv qui rythmeront ensuite le film (hélas avec insistance et maladresse) et sépareront les témoignages. Treize artistes (peintres, romanciers, poètes) se succèdent donc face à la caméra, filmés chez eux, devant leur bibliothèque, à leur bureau ou dans leur salon, chacun ayant droit à cinq minutes. Nurith Aviv, dans sa réalisation, a pris le parti de la plus grande simplicité. Soit ! Mais tant d’austérité et un tel refus de toute mise en scène finissent par ennuyer et nuire à la richesse des interventions. Bien entendu, toutes, très diverses dans leurs approches comme dans leurs contenus, n’ont pas la même portée ni le même intérêt. Mais chacune apporte un éclairage original. Parmi les plus notables, outre celles d’E. Keret et M. Naaman, on retiendra les réflexions de Roy Greenwald sur les rapports contradictoires entre l’hébreu et le yiddish, dont il exalte la richesse : «l’hébreu représente la parole de Dieu, et le yiddish la parole de Ses petits Juifs, les fidèles». Deux interventions particulièrement riches encadrent le film. La première est celle du grand écrivain Haïm Gouri, né à Tel-Aviv en 1923 dans une famille venue de Crimée, qui propose une vison laïque de l’hébreu et de la Bible, «figure de proue du retour laïc à Sion» dit-il, et qui pour lui fut un «livre de géographie et d’archéologie, et pas seulement un livre sacré». La dernière est celle de la célèbre romancière Orly Castel-Bloom, qui fait part de son inquiétude quant à la pérennité d’Israël et ses répercussions sur son rapport à l’hébreu, une langue qu’elle ignora tout au long de sa jeunesse passée dans une «bulle francophone» bien qu’étant née à Tel-Aviv. On l’aura compris : Langue sacrée, langue parlée n’est certes pas un «bon film», mais un documentaire stimulant par les questions qu’il soulève et les pistes qu’il ouvre.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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