Synopsis
En octobre 2006, Augustin Legrand et Pascal Oumaklouf décident de partager momentanément la vie des SDF. La charte des Nations Unies et la constitution française, qui prévoient pour chaque habitant des conditions décentes d’existence, sont loin d’être respectées. Augustin Legrand et ses amis organisent donc une grande manifestation prévue le 2 décembre de la même année, invitant tous les SDF ainsi que les gens bien logés qui le souhaiteraient à venir camper avec eux sur la Place de la Concorde. Suite à l’intervention des CRS, l’opération échoue. C’est finalement sur le canal St-Martin que les «Enfants de Don Quichotte» déballent leurs tentes le 16 décembre. Il faudra attendre des mois avant que, enfin, le gouvernement prenne des mesures satisfaisantes, qui aujourd’hui encore ne sont pas appliquées. Le pari de l’organisation - sensibiliser les citoyens et les pouvoirs publics aux conditions de vie des SDF plutôt que de se ranger du côté des associations humanitaires - consistait à fédérer ces dernières, pour leur offrir une vitrine, à travers le rassemblement du canal St-Martin. L’événement étant largement relayé par la presse, la situation devait être rapidement prise en charge par les autorités compétentes afin de débloquer des logements. Parallèlement, les Enfants de Don Quichotte développait son site Internet, en recensant les témoignages des habitants de la rue et en filmant continuellement l’évolution du mouvement. Le présent documentaire est le fruit de ces heures de prises de vue et oppose aux reportages lisses des journaux télévisés une vision de l’intérieur, depuis les premières nuits dans la rue jusqu’à la rédaction de la Charte du canal St-Martin et les accords trouvés avec le gouvernement. Il se construit un scénario passionnant qui se garde bien, pour autant, d’idéaliser les membres des Enfants de Don Quichotte. Le montage met en lumière l’acharnement d’Augustin Legrand et de ses compagnons au fil des réunions et des rencontres : les disputes qui les opposent, les coups de gueule et les coups de blues. En montrant aussi les mauvais côtés des acteurs de cette aventure, le témoignage gagne en sincérité. Si l’on a suivi l’événement dans la presse, on en apprend peu sur le déroulement de l’«Affaire du Canal St-Martin», mais on comprend mieux ses ressorts internes et surtout l’indignation féroce d’Augustin Legrand, qui se heurte au mur d’immobilisme incarné par Mme Vautrin, secrétaire d’État à la cohésion sociale. Confrontée aux revendications des sans-abris, celle-ci répond par un grand sourire derrière un brushing impeccable, une formule - la «poudre aux yeux» - et ce sans jamais proposer de solution concrète, ce qui pourrait la faire entrer dans l’Histoire en tant que ministre la plus incapable de la Ve République. Aujourd’hui, les tentes ont quitté le canal St-Martin, mais les SDF, eux, sont toujours là, sous les ponts et au bord du périphérique.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
Réalisateur