Synopsis
Le phénomène tecktonik n’a pas pu vous échapper : cette danse, apparue l’an dernier, a provoqué un véritable engouement auprès des jeunes avec la diffusion de vidéos sur des sites communautaires, tels que YouTube ou DailyMotion. La tecktonik s’est vite retrouvée étiquetée phénomène de société par les médias, et le film de Christophe Chevalier entend rétablir certaines vérités, en se glissant dans l’intimité de trois danseurs experts en la matière. Ceux-ci nous sont immédiatement désignés comme emblématiques du mouvement tecktonik. Spoke, Jack Herror et Maestro constituent SMDB (leur équipe, ou «crew» dans le jargon). Dans le civil, les trois jeunes gens s’appellent David, Alex et Arthur, et tentent de concilier, depuis quelques mois, leurs études avec leurs ambitions artistiques. Pour eux, la tecktonik est une passion qui est sur le point de les conduire à une carrière sérieuse : ils doivent tout prochainement partir au Japon pour y donner une interview dans une émission de télé spécialisée, et se produire dans un club branché. À travers leur petit conte de fée, C. Chevalier cherche à démontrer que la tecktonik n’est pas que le simple effet de mode auquel les mauvaises langues veulent la réduire. D’où une première salve de précisions nécessaires : le choix du titre,
Génération électro, identifie la tecktonik (à ne pas confondre avec la techno !) comme un courant de la musique électro, une mouvance à l’identité forte et dont la portée dépasse largement ses créateurs. Pour les néophytes, tous ces renseignements sont des plus bénéfiques, car ils permettent de replacer la tecktonik dans le contexte actuel. On apprend ainsi que la danse emprunte beaucoup au hip-hop : le système des «crew», les «battles» (affrontements entre deux danseurs, où le vainqueur est désigné par le public)... Différence notable : dès ses origines, le hip-hop était profondément politisé. La tecktonik, en revanche, ne l’est pas du tout : c’est, selon les observateurs du phénomène, la raison pour laquelle autant de jeunes, d’origines diverses, se retrouvent dans cette danse. Par ailleurs, la tecktonik, à l’inverse du hip-hop, place l’individu avant le groupe : on se défie en battle pour prouver que l’on est le meilleur, le plus stylé, le plus cool. Si l’engouement des ados pour cette danse a créé des activités (cours improvisés en plein air, battles hebdomadaires) et semble être un nouveau thème fédérateur pour les enseignants, le film de Chevalier peine à le rendre contagieux. La construction erratique du documentaire dilue le propos sans apporter de réponses aux questions qu’il soulève. Par exemple, on se demande comment appréhender cette dimension apolitique, qui lui fait courir un grand risque de récupération commerciale ? Mais, plutôt que de s’interroger là-dessus, Chevalier préfère se concentrer sur l’ascension du trio SMDB et sur leurs chorégraphies : cela plaira aux adeptes des soirées tecktonik, mais les néophytes s’ennuieront ferme.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
