En construcción (2001) José Luis Guerín

En construcción

Pays de productionEspagne
Sortie en France10 septembre 2008
Procédé image35 mm - Couleur
Durée125 mn
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Générique technique

RéalisateurJosé Luis Guerín
Assistant réalisateurAbel García
ScénaristeJosé Luis Guerín
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieAlex Gaultier
Ingénieur du sonAmanda Villavieja
MonteurMercedes Álvarez
MonteurNuria Esquerra

générique artistique

Juana Rodríguez Molina
Iván Guzmán Jiménez
Juan López López
Juan Manuel López
Pedro Robles
Santiago Segade
Abdel Aziz El Mountassir
Abdelsalam Madris
Antonio Atar
Pere Lluís Artigas
Jesús M. Eiris
Francisco Gómez
Juan M. Ortiz
Jordi Martínez
Tania Garduño

Bibliographie

Synopsis

À l’occasion de la sortie de Dans la ville de Sylvia, le distributeur Shellac a décidé de nous faire découvrir également cet autre film de José Luis Guerín, datant de 2001. Dans En construcción, le réalisateur suit la destruction puis la reconstruction d’un immeuble populaire, sous le regard des ouvriers et des habitants du quartier. D’abord figurants d’une sorte de documentaire dont l’immeuble et le quartier seraient les héros, quelques personnages prennent peu à peu plus de l’importance et passent au premier plan : certains ouvriers, les enfants qui jouent dans le chantier, et surtout un couple de jeunes paumés (la jeune fille se prostitue dans les quartiers chauds tandis que son ami passe ses journées à se défoncer), afin d’apporter un peu d’humanité au tableau. Pourtant, malgré une volonté, que l’on sent forte et sincère, de dresser un portrait honnête des milieux populaires espagnols, on ne peut s’empêcher de penser que le film ne trouve pas le ton juste. D’abord, il est clairement trop long, compte tenu de la minceur du propos et du peu d’arguments mis en jeu. On a le sentiment que le film s’étire faute de savoir où il va. La caméra de Guerín insiste sur le moindre événement (comme lors de la découverte d’un ancien cimetière romain qui attire les habitants et les médias) et le montage semble davantage retranscrire les incertitudes du tournage que construire un propos a posteriori, c’est-à-dire prendre le contrôle sur la somme d’images amassées. Ensuite, en ne s’intéressant qu’à une poignée d’habitants, En construcción désamorce un peu l'intérêt de sa dimension sociologique. Enfin, la principale limite du film tient à l’ambiguïté du pacte qu’il passe avec le spectateur. En effet, bien que labellisé documentaire - et présenté comme tel dans tous les festivals où il a été sélectionné - En construcción a une évidente dimension fictionnelle. On peut, par exemple, en prendre conscience par le fait que les dialogues sont filmés en champ-contrechamp, parfois même sous trois ou quatre angles différents, ce qui trahit une préméditation du réalisateur. En cela, le film, qui a tout de même sept ans d’âge, peut apparaître comme assez précurseur de la tendance actuelle à enjamber la frontière entre documentaire et fiction, et à brouiller les cartes. Toutefois, il faut reconnaître qu’ici, le mélange des genres reste assez confus, et ne produit pas grande réaction chimique. Plutôt que de produire un effet de profondeur ou de chaud et froid, il nous place à distance en nous incitant à nous demander sans cesse ce que nous sommes en train de voir. Le sujet et le style de En construcción ne sont pas sans faire penser à ceux du récent En avant, jeunesse de Pedro Costa. Mais Guerín ne parvient pas, comme son aîné portugais, à tirer de cet esthétique de documentaire «fictionnalisé» de véritables moments de poésie. Une expérience formelle audacieuse et intelligente, mais dans laquelle une approche plus sensitive fait cruellement défaut.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
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