Synopsis
En Argentine, les survivants de l’âge d’or du tango (autour des années 1940-1950) ont été réunis, à l’occasion de ce documentaire, pour jouer dans un lieu mythique de Buenos Aires : le Théâtre Colón. En nous montrant les images des répétitions, ponctuées de nombreux entretiens, le film nous conduit jusqu’au concert final. Cette construction basique, ainsi que le fait de rassembler de vieux musiciens qui incarnent l’héritage culturel d’un pays, font inévitablement penser au
Buena Vista Social Club de Wenders, et à l’abondante descendance qu’il a engendrée. Café de los maestros n’est-il donc qu’un documentaire musical de plus ? Pas tout à fait, puisqu’ici, du moins, le sujet (les derniers grands maîtres du tango) n’avait pas encore été abordé. Et si le réalisateur, Miguel Kohan, dont c’est le premier film pour le cinéma, est encore inconnu, ce n’est pas le cas de ses deux producteurs : Gustavo Santaolalla et Lita Stantic. En effet, le premier s’est illustré à Hollywood en composant des musiques de films (
21 grammes, Babel, Le Secret de Brokeback Mountain) tandis que la seconde a produit la plupart des films de la nouvelle génération de cinéastes argentins (Lucrecia Martel, Pablo Trapero, Adrian Caetano, Diego Lerman, Lucía Cedrón...). Ces deux noms placent donc
Café de los maestros sous de bons augures. Le projet initial du film est celui de Santaolalla (également coscénariste). Le tango est argentin, c’est une évidence : inutile d’en préciser l’histoire et encore moins l’origine. Santaolalla a préféré rendre un hommage à chacun des grands maîtres. Ainsi s’explique un temps de parole équitablement accordé à chacun, même si cette répartition démocratique ne se retrouve pas tout à fait dans le concert. Manifestement, Santaolalla s’est d’abord fait plaisir. Les spectateurs néophytes pourront d’ailleurs être parfois perdus face à la pléthore de maestros se succédant devant la caméra de Kohan. Ce qui se dégage de tout ceci, c’est avant tout la nostalgie d’une musique qui pourrait disparaître avec ses grands interprètes : il n’est, en effet, jamais question de la transmission vers une nouvelle génération de musiciens. Le consensus autour du talent musical de chacun est préalablement établi et le concert final se contente brièvement de le confirmer. Les aficionados du tango goûteront avec un plaisir certain ces multiples rencontres musicales. Les airs omniprésents du tango, également en fond sonore durant les entretiens, finissent par envoûter, transformant le spectateur statique en un être mobile habité par la musique. Certes
Café de los maestros ne révolutionne aucunement le documentaire musical, dans la mesure où le film s’efface totalement derrière son sujet, au service duquel il met un dispositif classique au possible. Toutefois, ce qu’il nous donne à voir - et surtout à entendre ! - n’en reste pas moins tout à fait séduisant.
© LES FICHES DU CINEMA 2008
