Synopsis
Non, il ne s’agit pas d’un remake d’un film avec Charlton Heston, ni d’un nouvel album de Lucky Luke. La réalité de ce documentaire est beaucoup moins romanesque puisqu’au fil des rencontres le réalisateur Olivier Weber met à jour la situation dramatique qui marginalise actuellement toute une région d’Amérique latine : celle de l’ancien Eldorado, le paradis des chercheurs d’or. L’économie de cette région - l’équipe de tournage investit le Surinam, le Brésil mais aussi la Guyane française - dépend à présent presque uniquement du commerce de l’or. 300 tonnes du précieux métal en sont extraites chaque année. Pour parvenir à de tels résultats, les compagnies n’hésitent pas à employer les grands moyens (d’énormes tracteurs qui détruisent les bords des rivières) comme les petits (des ouvriers qui draguent les fonds). Olivier Weber explore les villages qui se sont développés autour des carrières, parodies clandestines d’un Far West où se côtoient prostituées et pasteurs évangélistes. Les religieux ne sont d’ailleurs pas les derniers à légitimer l’abattage de la forêt amazonienne et l’exploitation des Amérindiens. Ces derniers sont prêts à subir les pires conditions de travail pour s’enrichir, la hausse de la valeur de l’or ayant significativement attisé l’intérêt des compagnies orpailleuses pour le site. La caméra filme les drames quotidiens, l’alcoolisme et la maladie, tandis que le micro recueille des propos parfois d’un cynisme absolu. La soif de l’or aboutit à un désastre écologique. Pour amalgamer les paillettes d’or, les entreprises fournissent aux ouvriers du mercure dont ils recouvrent la pierre, polluant ainsi des hectares de forêt et mettant significativement en danger l’écosystème de la région. Nul n’ignore les effets du mercure. Les poissons des rivières amazoniennes, les plantes et les cours d’eau sont pollués. Les Amérindiens pour lesquels ces ressources constituent l’alimentation de base tombent donc malades, tandis que les enfants développent des tumeurs ou naissent avec des malformations. Sans d’urgentes mesures de protection de la part des pays administrateurs (dont la France fait partie), non seulement la forêt amazonienne continuera de décroître de façon exponentielle mais en plus, avec elle disparaîtront tous les peuples indigènes, tels les Wayanas de Guyane. Initialement prévu pour la télévision, ce documentaire se prête finalement très bien au format du long métrage. Il touche par l’intensité de ses propos, dressant le constat, funeste et accablant, d’une situation catastrophique qui se banalise dans l’indifférence générale (indifférence des États, des organisations internationales, etc.). Un documentaire salutaire.
© LES FICHES DU CINEMA 2008