Synopsis
Catherine Pozzo di Borgo est allée à la rencontre des habitants du célèbre plateau du Larzac pour tenter de voir ce qu’il reste de la passion militante des années 1970. Elle y a fait la connaissance d’un certain nombre d’agricoles qu’on nous fait découvrir dans leur étonnante diversité. On ressent tout au long des entretiens la cordialité de l’accueil et la modestie dont ils font preuve. La diversité de ces paysans réside dans le mélange des générations et des origines : il y a ceux qui sont là depuis les luttes des années 1970, ceux qui sont originaires du Larzac, ceux qui sont venus à cause des luttes, ceux encore qui s’y sont installés dans les années 2000. Le film dépeint une savoureuse galerie de portraits : des utopistes inventifs, des militants à l’ancienne, en passant par les ex-citadins néo-babas. En dépit, ou peut-être grâce à cette diversité, un fort sentiment de solidarité semble régner entre eux. Pozzo di Borgo montre que le Larzac est un laboratoire expérimental, en particulier par sa forme de propriété collective : la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL), créée après les luttes victorieuses et qui semble présenter une alternative à la propriété privée. Cependant on se rend compte que les paysans ont eu beau créer des circuits originaux de distribution, fondamentalement leurs problèmes ne sont pas très différents de ceux de la petite paysannerie française, vouée à l’élevage. Ils ont mécanisé leurs exploitations, ils sont soumis aux mêmes contrôles administratifs, ils sont tout autant désavantagés par rapport aux grands céréaliers, et enfin, comme tous les autres exploitants agricoles, ils ne pourraient survivre sans les aides de la politique agricole commune (PAC). La cinéaste, enthousiaste et toute acquise à la cause d’une agriculture et d’un mode de vie différents, ne s’attarde sans doute pas assez sur ces contraintes économiques qui menacent aujourd’hui tous ceux qui veulent sortir de la norme imposée par la mondialisation. Pozzo di Borgo s’intéresse davantage aux individus, à leurs souvenirs comme à leurs expériences, et en oublie d’étendre son propos à une réflexion plus large sur le système communautaire agricole qui s’est développé sur le plateau du Larzac : un tel modèle serait-il "exportable" ailleurs, avec tout ce que cela impliquerait comme remise en cause du fonctionnement de toute une société basée sur le profit ? Les enjeux politiques et intellectuels se trouvent donc cantonnés à ce microcosme sans ouvrir de perspectives. C’est dommage, car l’utopie qui se vit là méritait que l’on réfléchisse à la manière dont elle pourrait se développer à une échelle plus importante. Sans oublier, bien sûr, que cette utopie est parfois moins rose que l’on ne croit. Certains nouveaux arrivants expriment leur déception d’avoir du mal à s’intégrer à cette communauté. Un documentaire qui nous laisse donc sur notre faim en se résumant à une galerie de portraits, fort sympathiques au demeurant, à quelques images d’archives et à de très belles vues sur le causse...
© LES FICHES DU CINEMA 2009
