Z32 (2008) Avi Mograbi

Pays de productionFrance ; Israël
Sortie en France18 février 2009
Procédé image35 mm - Couleur
Durée81 mn
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Générique technique

RéalisateurAvi Mograbi
ScénaristeAvi Mograbi
Distributeur d'origine Les Films du Losange (Paris)
Directeur de la photographiePhilippe Bellaiche
MixeurDominique Vieillard
Compositeur de la musique originaleNoam Enbar
MonteurAvi Mograbi
Coordinateur des effets spéciauxEran Feller

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Avi Mograbi s’adresse à nous depuis son salon, à peine interrompu par l’arrivée de sa femme. Dans quelques instants, il conviera dans ce même salon anodin, presque bourgeois, un pianiste et un orchestre de chambre hétéroclite, et commentera les moments forts de son film en poussant lui-même la chansonnette, proposant ainsi une déclinaison audacieuse et moderne du traditionnel choeur antique. Il faut bien dire que Mograbi n’en est pas à sa première audace. Son humour grinçant, son sens de la provocation et de l’autodérision exhibitionniste irradiaient déjà Août (avant l’explosion) et Pour un seul de mes deux yeux, notamment. Mais avec Z32, il semble avoir trouvé une vraie maturité de cinéaste. Il laisse ici de côté sa logique d’agitprop potache au profit d’une recherche formelle pleinement en phase avec sa réflexion. Il abandonne sa rhétorique pro-palestinienne parfois exagérément offensive pour un regard sensible sur les chocs destructeurs ressentis par un jeune soldat (israélien) à l’épreuve du feu. Il lui demande de témoigner face à la caméra, de mettre à nu ses émotions et de ne rien cacher des actes qu’il a commis sous l’uniforme de Tsahal, l’incitant à un intense effort de mémoire et d’introspection. Mograbi adopte deux dispositifs distincts. Il accompagne Z32 (c’est le nom du soldat) sur les lieux de ses plus rudes combats. Mais il le laisse seul face à la caméra, avec sa compagne pour unique interlocuteur, comme seul face à sa propre conscience. La jeune femme incarne, sans le vouloir, la réaction de la communauté humaine, effroyablement choquée malgré toute la bienveillance qu’elle s’efforce d’exprimer. Elle contraint, dans un premier temps, le jeune homme à verbaliser ses actes, puis à en affronter la réalité. Une autre trouvaille inspirée donne une étoffe formelle à l’ensemble du film : le témoin, qui souhaite rester anonyme, est masqué. Mais son masque numérique épouse les traits de son visage, au point de recréer d’autres visages. Ils matérialisent, au premier sens du terme, un masque social ; celui derrière lequel le jeune homme s’est réfugié pour ne pas succomber au poids de la culpabilité. Il raconte comment il a, logiquement, obéi à des ordres sans chercher à les remettre en cause. Parce qu’il était formé au combat, habitué à tirer sur des cibles virtuelles, il a tiré et tué des êtres humains comme s’il s’agissait d’un jeu, excité d’en découdre enfin dans la réalité. Avant de finalement prendre conscience de la portée de ses actes. Les trucages numériques (très impressionnants) provoquent un sentiment de malaise, quand une cigarette vient traverser un visage et nous rappelle que nous sommes victimes d’une illusion d’optique, que la vérité est ailleurs. L’étrange sensation d’être confronté à des mutants, à des hommes blessés, dangereux, résonne pertinemment avec les propos douloureux du jeune soldat, jusqu’à une profonde et brillante sensation de mise en abyme salvatrice.
© LES FICHES DU CINEMA 2009
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