Synopsis
Années 1950 : les États-Unis sont en plein boom économique. Aux jeunes retraités, aux familles en quête de tranquillité, des spots télévisés recommandent un paradis : Miami, une ville de Floride en pleine expansion. Jusqu’aux années 1970, la cité se développe sans encombre. Puis une violence insidieuse va s’installer pour ne plus la quitter. La raison : une poudre blanche qui se vend mieux que l’alcool. À partir du milieu des années 1970, la cocaïne, par sa simplicité de consommation et son prix relativement accessible, devient ainsi "à la mode". La drogue est alors un produit "nécessaire" aux loisirs, et séduit rapidement la bourgeoisie et les classes moyennes locales : médecins,dentistes, promoteurs immobiliers en consomment. La police de Miami, pas vraiment formée au grand banditisme, sombre dans la corruption. Car l’engouement pour la cocaïne attise les convoitises. Les réseaux d’importation s’organisent (avion, bateau...). Les cartels colombiens, qui produisent et raffinent la drogue à l’étranger, ont vite le monopole du marché en passant des accords avec les passeurs et les dealers locaux, qui empochent tranquillement leurs commissions. Billy Corben (auteur du documentaire, Raw Deal, remarqué en 2001 à Sundance) part à la rencontre de deux hommes : Jon Roberts et Mickey Munday. Le premier a fait fortune dans la revente, le second dans l’importation. Présentés comme tels, ils ont l’air d’entrepreneurs retraités. Et pourtant, ce qu’ils racontent est édifiant : comment le trafic, avec audace et débrouillardise, s’est organisé par étape à Miami. Comment le système aurait pu durer des décennies... Jusqu’à ce que l’appât du gain et l’avidité sans bornes de certains poussent le gouvernement fédéral à employer les grands moyens : FBI et DEA pour traquer les trafiquants, Affaires Internes pour endiguer la corruption... Ce que Corben montre, c’est la profusion des profits qui s’est accompagnée inévitablement d’une escalade hallucinante de la violence. Le paradis des retraités s’est donc transformé en enfer où se sont multipliés les règlements de compte entre gangs rivaux. Intelligemment, le réalisateur met en parallèle les méthodes des narcotrafiquants et celles d’entrepreneurs ordinaires : comment le "travail" de chacun a fait prospérer toute une ville, qui dans sa "grande époque", était devenue symbole d’opulence et de luxe. De ce point de vue, Cocaine Cowboys devient l’illustration pratique des dérives du capitalisme le plus sauvage. Mais si Corben exploite bien un sujet passionnant, il se contente d’une mise en scène très télévisuelle, reposant sur des effets de montage assez grossiers. Les déclarations "choc" s’enchaînent, appuyées par la musique très kitsch de Jan Hammer (le compositeur attitré de la série Deux flics à Miami). De plus, dans son portrait d’un ancien homme de main de Griselda Blanco, la sinistre et sanguinaire baronne d’un cartel, le réalisateur se montre inutilement compatissant et oublie négligemment d’aborder l’épineuse question de la moralité du film...
© LES FICHES DU CINEMA 2009
