Synopsis
Après des documentaires pour la télévision, Rémy Tézier a réalisé pour le grand écran un portrait de Catherine Destivelle, kinésithérapeute mais surtout l’alpiniste française la plus prestigieuse, championne du monde d’escalade en 1986 et, encore à ce jour, seule femme à avoir vaincu en solitaire la face nord de l’Eiger, le Cervin, et les Grandes Jorasses, de 1992 à 1994. Avec la maturité et la maternité (elle a 46 ans au moment du tournage, de juin à août 2006), la grimpeuse a depuis longtemps tourné le dos à la compétition et a choisi de partager son expérience et sa passion. En se reposant très peu sur des archives (à part quelques films de famille offrant l’image d’une enfance passée à grimper sur les rochers de Fontainebleau et quelques rares images de ses exploits en solitaire), le réalisateur a porté beaucoup d’attention à l’écriture du film afin de nous embarquer dans une aventure humaine, qui est à la fois une transmission et le bilan d’une passion, malheureusement plus physique que métaphysique. Il a proposé à Catherine Destivelle de traverser le massif du Mont-Blanc en 3 étapes, la première avec Pauline Pretet, une ancienne élève, aujourd’hui monitrice d’escalade. Destivelle la convie sur la face Est du Grand Capucin : 400 mètres de granit nu. On y découvre l’osmose de l’alpiniste avec la roche, les mains usées jusqu’au sang. Puis, c’est sa plus jeune soeur, Claire, qu’elle invite pour grimper sur l’Aiguille du Grépon, au-dessus de la Mer de Glace. Elles se mettent debout sur la pointe, "comme Rebuffat", et bivouaquent dans le froid, à côté de la statue de la Vierge. Enfin, c’est une cordée qui nous mène sur un glacier pour gravir l’Aiguille Verte (en réalité plutôt bleue) en compagnie de Lothar Mauch, 68 ans, ancien compagnon et mentor de Destivelle, ainsi que de son ami Gaby Briand, 72 ans. C’est l’occasion de se rappeler qu’en juillet 1985, Lothar lui avait sauvé la vie lorsqu’elle était tombée dans une crevasse. Le film se termine sur une réflexion du petit Victor, trouvant qu’une sauterelle est meilleure escaladeuse que sa mère ! Bénéficiant de Thierry Machado (chef op’ de Microcosmos, du Peuple migrateur et des films de Nicolas Vanier) et d’une vraie équipe de tournage, Tézier filme avec une caméra gyroscopique HD. Les travellings à la grue et en hélicoptère sont un régal pour l’oeil et permettent constamment de mesurer l’ampleur de la difficulté et des efforts produits par l’alpiniste. Les progrès techniques de l’image accomplis depuis 1959 et Les Étoiles de Midi de Marcel Ichac sont évidents. Il va sans dire que ce film s’adresse aux fans de la montagne, qui lui ont d’ailleurs décerné des prix dans leurs festivals (à Autans, Tegernsee, Trento et Kendal). Évidemment, le néophyte n’y verra qu’un documentaire de plus sur une passion étrange et il pourra lui sembler long et répétitif. Mais la qualité des prises de vues et la relative spontanéité des personnages le lui rendront regardable. On peut toujours contempler des paysages fabuleux et parfois goûter à l’ivresse de l’altitude...
© LES FICHES DU CINEMA 2009